PSC ELSTOW RESEARCH FARM INC., c. SA MAJESTÉ LA REINE,
Dossier : 2004-986(IT)G
ENTRE :
PSC ELSTOW RESEARCH FARM INC.,
et
SA MAJESTÉ LA REINE,
appelante,
intimée.
[TRADUCTION FRANÇAISE OFFICIELLE]
____________________________________________________________________
Appel entendu sur preuve commune avec l’appel de
PSC Elstow Research Farm Inc. (2004-3531(IT)G),
les 25, 26 et 27 février 2008, à Saskatoon (Saskatchewan).
Devant : L’honorable juge Patrick Boyle
Comparutions :
Avocats de l’appelante : Avocat de l’intimée : Me Scott D. Waters
Me Raymond Wiebe
Me Ernest Wheeler
____________________________________________________________________
JUGEMENT
L’appel est accueilli en partie, et les cotisations et déterminations sont
renvoyées au ministre pour qu’il procède à un nouvel examen et fasse de nouvelles
déterminations conformément aux motifs du jugement ci-joints.Page : 2
Signé à Ottawa, Canada, ce 29e jour de décembre 2008.
« Patrick Boyle »
Juge Boyle
Traduction certifiée conforme
ce 30e jour de juin 2009.
Erich Klein, réviseurDossier : 2004-3531(IT)G
ENTRE :
PSC ELSTOW RESEARCH FARM INC.,
et
SA MAJESTÉ LA REINE,
appelante,
intimée.
[TRADUCTION FRANÇAISE OFFICIELLE]
____________________________________________________________________
Appel entendu sur preuve commune avec l’appel de
PSC Elstow Research Farm Inc. (2004-986(IT)G),
les 25, 26 et 27 février 2008, à Saskatoon (Saskatchewan).
Devant : L’honorable juge Patrick Boyle
Comparutions :
Avocats de l’appelante : Avocat de l’intimée : Me Scott D. Waters
Me Raymond Wiebe
Me Ernest Wheeler
____________________________________________________________________
JUGEMENT
L’appel est accueilli en partie, et les cotisations et déterminations sont
renvoyées au ministre pour qu’il procède à un nouvel examen et fasse de nouvelles
déterminations conformément aux motifs du jugement ci-joints.Page : 2
Signé à Ottawa, Canada, ce 29e jour de décembre 2008.
« Patrick Boyle »
Juge Boyle
Traduction certifiée conforme
ce 30e jour de juin 2009.
Erich Klein, réviseurRéférence : 2008 CCI 694
Date : 20081229
Dossiers : 2004-986(IT)G,
2004-3531(IT)G
ENTRE :
PSC ELSTOW RESEARCH FARM INC.,
et
SA MAJESTÉ LA REINE,
appelante,
intimée.
[TRADUCTION FRANÇAISE OFFICIELLE]
MOTIFS DU JUGEMENT
Le juge Boyle
[1] PSC Elstow Research Farm Inc. (« PSC Elstow ») a interjeté appel à
l’encontre des déterminations de pertes ou des nouvelles cotisations à l'égard de ses
années d’imposition 1999, 2000 et 2001. Les questions à trancher dans chaque appel
sont essentiellement les mêmes et portent généralement sur : (i) la mesure dans
laquelle PSC Elstow a droit à un crédit d’impôt à l’investissement remboursable au
titre de dépenses de recherche scientifique et de développement expérimental; (ii)
l’application du paragraphe 127(19) de la Loi de l’impôt sur le revenu (la « Loi ») à
l’aide gouvernementale pour les activités de recherche et de développement qu’a
reçue Prairie Swine Centre Inc. (« PSCI »), actionnaire contrôlant de PSC Elstow;
(iii) la question de savoir si quelque partie que ce soit de l’aide gouvernementale
reçue par PSCI a ensuite été reçue par PSC Elstow de PSCI, et devrait par conséquent
être incluse dans le revenu de PSC Elstow en vertu de l’alinéa 12(1)x) de la Loi. Il est
juste de dire que la position adoptée par la Couronne à l’égard de chacune de ces
questions est fondée sur le fait que PSC Elstow est contrôlée par PSCI, une société àPage : 2
but non lucratif. Les sociétés à but non lucratif n’ont pas droit aux crédits d’impôt à
l’investissement remboursables au titre de leurs activités de recherche scientifique et
de développement expérimental.
I. Les faits
[2] PSCI est une société à but non lucratif qui a été constituée en 1991. Son seul
membre est l’Université de la Saskatchewan (l’« Université »). Avant d’être
constituée en personne morale, PSCI faisait partie de l’Université. PSCI exerce des
activités de recherche et de développement visant à aider l’industrie porcine, y
compris les éleveurs de porcs et les producteurs d’aliments pour animaux. PSCI se
concentre sur la prestation de services consistant à mener, au profit de l’industrie
porcine et de ses [TRADUCTION] « parties prenantes », des recherches dans des
conditions se rapprochant de celles du marché. Autrement dit, PSCI se consacre, dans
le cadre de la recherche et du développement, au développement expérimental
(davantage qu’à la recherche fondamentale ou appliquée) dans des domaines qui se
rapportent directement à l'exploitation d'une entreprise commerciale sur le marché et
qui influent sur cette exploitation. Elle se concentre sur les aspects suivants : (i)
l’efficience de production; (ii) la viabilité du point de vue écologique; (iii) le
bien-être des animaux.
[3] Lorsque PSCI a été constituée, trois nouveaux chercheurs ont été embauchés à
temps plein. Un certain nombre des chercheurs employés par PSCI font aussi partie
du corps professoral de l’Université ou y sont chargés de cours.
[4] À ses débuts, PSCI menait l’essentiel de ses recherches dans des installations
situées à Floral, en Saskatchewan, qui ont été construites par l’Université en 1988
pour loger le Prairie Swine Centre. Les installations de PSCI à Floral abritent un
cheptel reproducteur de 250 truies; c’est là que les porcelets sont conçus, naissent et
sont sevrés; ils sont vendus lorsqu’ils atteignent un poids de 25 kilos. Les acheteurs,
soit des éleveurs commerciaux de porcs, les nourrissent et les font engraisser jusqu’à
ce qu’ils pèsent environ 125 kilos, ce qui est les poids auquel les porcs sont vendus,
normalement, pour leur viande. PSCI dispose également d’un immeuble de bureaux
de taille modeste à Floral.
[5] Le Prairie Swine Centre de l’Université comptait six employés. Depuis que
PSCI a été constituée, le personnel s’est accru, passant à trente, puis à quarante
personnes. Une telle croissance a fait en sorte que PSCI s’est retrouvée avec des listes
d’attente excessivement longues pour ses chercheurs et étudiants des cycles
supérieurs qui souhaitaient utiliser les installations de Floral. En outre, PSCI aPage : 3
reconnu que, étant donné qu’elle n’élevait pas les porcs jusqu’à ce qu’ils atteignent le
poids de commercialisation de 125 kilos, les vendant plutôt peu de temps après qu’ils
avaient été sevrés, elle n’était pas en mesure d’entreprendre des recherches
susceptibles de s’avérer très utiles sur les porcs pendant la période où ils passent de
25 à 125 kilos, et ce, même si elle avait pour mandat de mener des recherches dans
ces conditions se rapprochant ce celles du marché. De plus, depuis le moment où les
installations de Floral ont été construites, la taille de l’exploitation porcine
commerciale moyenne a augmenté considérablement, passant d’un troupeau de 300
têtes à 600 têtes. Comme PSCI vise à fournir des résultats de recherches effectuées
dans des conditions se rapprochant de celles du marché, que les producteurs pourront
utiliser au profit de l’industrie et de ses parties prenantes, il est important qu'une
bonne partie de ces recherches soient conduites dans des conditions semblables à
celles qui existent dans une exploitation porcine commerciale moyenne, du moins
dans la mesure où la nature des recherches le permet. Pour l’ensemble de ces raisons,
dès 1987, le plan d’affaires et le plan stratégique de PSCI prévoyaient
l’agrandissement de ses installations.
[6] En 1997 ou en 1998, le gouvernement de la Saskatchewan a annoncé la
création d’un fonds d’innovation agroalimentaire dont le but principal était de libérer
des fonds pour la recherche et l'infrastructure dans le secteur agroalimentaire. PSCI a
demandé et obtenu une subvention d’investissement de trois millions de dollars en
vue de la construction de nouvelles installations. En outre, pendant trois ans, elle a
reçu une subvention annuelle de 300 000 $ destinée à financer ses activités de
recherche.
[7] PSCI a décidé qu’il serait opportun de faire construire ses nouvelles
installations par une entité distincte constituée en personne morale, d’une part afin de
disposer d’un organe séparé avec lequel les exploitants commerciaux pourraient
entretenir de meilleures relations, et d’autre part en vue de protéger ses actifs des
risques que comporte la construction de nouvelles installations. Les comptables de
PSCI ont été consultés sur des questions de structure financière et de fiscalité, et il
semble que c’est à la suite de cela qu’il été décidé que la nouvelle entité serait une
société par actions imposable ordinaire.
[8] À cette fin, PSCI a constitué l’appelante, PSC Elstow, en société; au début,
PSCI en était l’unique actionnaire. PSCI a prêté sa subvention de trois millions de
dollars à PSC Elstow afin que celle-ci l’utilise pour faire construire les nouvelles
installations de recherche agricole à Elstow, en Saskatchewan. PSC Elstow a
également obtenu d’une importante banque canadienne un prêt hypothécaire dePage : 4
construction d’environ 2,4 millions de dollars. Pendant la période qui a précédé la
construction, PSC Elstow a rassemblé des fonds en émettant des actions à l’intention
du Agricoll Research Institute (« Agricoll »), une autre société à but non lucratif, qui
était contrôlée par son unique membre, l’Université. Depuis, Agricoll détient 15 %
des actions de PSC Elstow, PSCI demeurant l’actionnaire contrôlant avec 85 % des
actions. Par ailleurs, PSC Elstow a obtenu une marge de crédit afin de financer ses
opérations d’exploitation.
[9] Les années en cause incluent l’année de la construction des installations
d’Elstow ainsi que la période qui a été nécessaire pour y rassembler tous les animaux
voulus, allant jusqu’au moment où on a pu y commencer les recherches.
A. Les installations d’Elstow
[10] La taille et la conception des installations de PSCI à Floral convenaient à la
collecte d’un grand nombre de données relatives à un petit troupeau de porcs. Les
installations de Floral se prêtaient donc mieux à la recherche fondamentale. Par
conséquent, les installations d’Elstow ont été conçues avec l’idée d’y conduire des
recherches sur un plus grand nombre d’animaux, afin de se rapprocher davantage des
conditions du marché.
[11] Les installations ont été expressément pensées et construites afin qu'elles se
prêtent à la conduite des recherches qu’on souhaitait y effectuer. Par conséquent, sur
plusieurs plans clés, elles sont très différentes d’une structure comparable qu’on
trouverait sur une exploitation porcine commerciale classique. Concrètement, cela se
traduit notamment par une construction permettant de séparer, de suivre et de
ramasser de façon mécanique le fumier des différents groupes de porcs. Cela
comprend également plusieurs zones distinctes couvertes de revêtements de sol
différents, et ce, afin de pouvoir comparer différents revêtements de façon simultanée
et les changer d'une expérience à l'autre. De plus, les porcs sont logés aussi bien dans
des stalles communes que dans des espaces individuels, afin qu’il soit possible
d’étudier l’effet qu’a sur les porcs chacune de ces deux approches adoptées dans
l’industrie. Les exploitants commerciaux ne suivent qu'une seule de ces approches
dans l'ensemble de leurs installations. La porcherie a également été conçue en vue de
recevoir des systèmes d’alimentation divers et multiples, de manière que les systèmes
d'alimentation puissent être étudiés à titre de variables. Il y avait aussi des différences
clés au niveau du plafond et du toit des installations. Des configurations multiples de
lampes ont été installées et utilisées de manière à ce que différents éclairages puissent
être étudiés à titre de variables au cours de différentes expériences et études. Le toit aPage : 5
dû être conçu de manière à être considérablement plus élevé que celui d’une
exploitation commerciale classique afin qu'il se prête à certains des changements
mentionnés ci-dessus et qu'il offre un espace d’observation. Pour permettre que de
telles modifications soient apportées, il a donc fallu dessiner l’arbalétrier de façon
originale. Le bâtiment a également été divisé en de multiples zones munies de
systèmes d’aération distincts afin qu’il soit possible d’y tester les effets des différents
systèmes. Le bâtiment devait recevoir bien plus de grandes balances pour peser les
porcs que le nombre dont un exploitant commercial a besoin. Les mesures de
biosécurité qui ont été mises en place dans les installations de recherche étaient
beaucoup plus importantes que celles qu’il est nécessaire d’avoir dans une porcherie
commerciale.
[12] En plus d’influencer la conception et la construction des installations, le fait
que les objectifs de PSC Elstow, de PSCI et des autres utilisateurs des installations
soient axés sur la recherche a nécessairement orienté la gestion quotidienne des
installations d’un point de vue opérationnel aussi. PSC Elstow ne pouvait rien faire
relativement à la production de porcs qui fût susceptible de compromettre les
activités de recherche. Par contre, elle devait nécessairement, dans le cadre des
activités de recherche, agir de façon à mettre la production commerciale en péril.
D'ailleurs, ces éléments comptent parmi les raisons impérieuses pour lesquelles PSCI
n’aurait pas pu simplement conclure avec un exploitant commercial une entente en
vertu de laquelle celui-ci lui aurait permis de mener ses recherches pendant qu'il
s'occupait de sa production porcine. À la lumière de telles restrictions, on peut
imaginer qu’un exploitant commercial qui aurait observé le fonctionnement des
installations d’Elstow pendant un certain temps aurait pu se demander si ce n'était pas
un exemple de l'application du proverbe anglais selon lequel un chameau est un
cheval créé par un comité.
[13] Pour résumer, les recherches ne pouvaient être effectuées si on ne disposait pas
d’un troupeau complètement opérationnel de taille comparable à celle d'un troupeau
commercial, comptant des porcs nés sur place et qui sont engraissés jusqu’à ce qu'ils
atteignent la taille requise par le marché, de la même manière que cela se passe chez
les exploitants commerciaux. Aucun exploitant commercial ne disposait
d’installations conçues de manière à permettre ou à faciliter le type de recherches à
effectuer, et, de toute façon, il serait raisonnable de conclure qu’aucun exploitant
commercial n’exposerait ses installations à de tels risques et une telle interférence
afin d’arrondir son revenu grâce aux paiements que lui feraient les chercheurs. Les
exploitants commerciaux se préoccupent d'un ensemble de porcs, à partir du moment
de leur naissance jusqu'à celui de leur vente. Les chercheurs doivent cibler des porcsPage : 6
individuels, évaluer leur bien-être individuel, recueillir des données à leur sujet et au
sujet de ce qu’ils absorbent et excrètent. Même si les exploitants commerciaux
s’intéressent évidemment au bien-être de leurs porcs, ils ne les étudient pas. Les
chercheurs ont besoin d’animaux dont ils connaissent, entre autres choses, l’état de
santé et le patrimoine génétique. Les exploitants commerciaux ne consignent pas
autant d’information.
[14] En règle générale, les expériences scientifiques impliquent l’étude des
changements apportés à une ou à plusieurs variables, toutes les autres variables
demeurant connues et inchangées par ailleurs. On ne peut mener à bien de telles
études en ayant recours à n’importe quels porcs. Pour effectuer des recherches sur
des porcs de taille presque commercialisable, on ne peut se servir de porcs produits
dans le circuit commercial qu’on fait venir et qu'on vend ensuite sur le marché. Les
chercheurs ont besoin de savoir de façon précise et détaillée les antécédents des
porcs, antérieurs même au moment de leur conception.
[15] Avant que les installations de PSC Elstow ne soient construites, il était prévu
d’entreprendre certains projets de recherche sur un troupeau mature qui pourrait être
reçu dans la ferme d’un producteur commercial. Par expérience, PSCI savait que les
coûts d’une telle pratique étaient extrêmement prohibitifs. Ces coûts s’expliquaient
principalement par le fait que les déplacements du personnel d’étable vaquant à ses
occupations normales devaient être strictement limités. De plus, des changements
importants dont l’exploitant commercial ne retirait aucun avantage durable devaient
être apportés en vue d’installer ou de modifier des systèmes d’alimentation ou de
ventilation particuliers. Aux yeux des chercheurs, l’aspect le plus frustrant d’un tel
arrangement était sans doute la perte de données accumulées ou de l'occasion d’en
accumuler quand les impératifs commerciaux de l’exploitant l’emportaient sur les
objectifs des chercheurs.
[16] Les exploitants professionnels, comme tous les gens d’affaires, évitent de
prendre des risques. Le fait de permettre à des chercheurs et à des techniciens de
s’installer chez eux afin d’y mener des activités de recherche et de développement est
porteur de changement, d’incertitude et de perturbations inutiles pour une entreprise
commerciale, et les exploitants commerciaux chercheront par conséquent à éviter une
telle situation. Les porcs, à l’instar de la plupart des animaux, ne réagissent pas au
stress de façon positive. Du point de vue d’un exploitant commercial, des
changements inutiles équivalent à causer un stress inutile au troupeau.Page : 7
[17] Il est inutile que je décrive les types de projets de recherche qui ont été
entrepris. Ceux-ci font l’objet d’une description détaillée dans la preuve et dans les
pièces qui ont été déposées concernant ces projets. Les recherches ont été menées
conformément à une entente de services de recherche conclue par PSCI et PSC
Elstow. Les rapports écrits et les comptes rendus financiers présentés aux organismes
finançant les recherches, lesquels étaient souvent des agences gouvernementales
multiples qui exigeaient une comptabilité détaillée, font également l’objet d’une
description étoffée dans la preuve et les pièces déposées.
B. Le personnel de PSC Elstow
[18] Le docteur John Patience est le président et le directeur général de
PSC Elstow, et ce, depuis la constitution de cette société. Il est également le directeur
de PSCI. Le docteur Patience siège au conseil d’administration de PSC Elstow. Y
siègent également deux autres administrateurs qui sont des producteurs commerciaux
de porcs ou des représentants de ceux-ci, ainsi qu’un représentant d’Agricoll qui est
aussi membre du conseil d’administration de celle-ci.
[19] PSC Elstow ne dispose pas de son propre personnel de gestion, mais elle a
conclu un contrat de prestation de services de gestion avec PSCI.
[20] PSC Elstow dispose de son propre personnel, appelé le personnel d’étable,
chargé d’exploiter les installations d’Elstow et de fournir un soutien technique aux
chercheurs qui utilisent ces installations.
[21] En ce qui a trait au personnel d’étable, on relève également des différences
entre les étables commerciales et les installations de recherche. Les exploitants
commerciaux veulent que leurs ouvriers se spécialisent, se limitant à travailler dans
une partie précise de la porcherie. En revanche, dans des installations de recherche, le
personnel doit connaître toutes les zones d’opération de la porcherie, pouvoir
travailler partout, et être capable d’aider les chercheurs à accomplir leurs tâches.
[22] Pendant une partie de la période en cause, outre le gérant et quatre ouvriers
d’étable, PSC Elstow employait un coordonnateur de la recherche. Le personnel de
PSC Elstow ne comprenait ni scientifiques ni chercheurs. Elle pouvait donner accès à
ses installations pour des projets de recherche qu’elle entreprenait de concert avec
PSCI, ou qu’elle menait pour le compte d’autres sur une base contractuelle. De plus,
PSC Elstow pouvait prêter certains de ses ouvriers d’étable afin d’aider les
chercheurs à effectuer les tâches additionnelles de mesure et de pesée des porcs,Page : 8
d'observation des habitudes des animaux, de surveillance ou de modification de
l’éclairage ou de la ventilation, de collecte des échantillons de déjections demandés,
et ainsi de suite. On a estimé que, pendant les années en cause, le personnel d’étable
passait 10 % de son temps à aider les chercheurs participant à des projets de
recherche.
C. Le financement public
[23] En l’espèce, les aspects pertinents du financement des installations et des
activités de PSC Elstow concernent le montant de financement public reçu par PSCI.
[24] Premièrement, PSCI a reçu une subvention de l’État d’environ trois millions
de dollars, somme qu’elle a prêtée à PSC Elstow pour payer les frais de construction
des installations. Ce montant représentait approximativement la moitié du coût du
projet, et la plus grande partie du solde a été financée grâce à des crédits
hypothécaires.
[25] Deuxièmement, PSCI a reçu 900 000 $ sur une période de trois ans du fonds
d’innovation agroalimentaire pour qu'elle mène des recherches dans les nouvelles
installations. PSCI a dépensé une partie de cette somme afin de conduire des
recherches dans les installations d’Elstow. Une partie des projets financés par cette
subvention ont été menés par PSCI sans la participation de PSC Elstow, dans des
installations n’appartenant pas à celle-ci. Il est clair que les écritures comptables et la
ventilation des dépenses entre les projets entrepris par PSCI ont été effectuées avec
beaucoup d’exactitude, étant donné les exigences strictes en matière d'obligation de
rendre compte auxquelles étaient soumis les organismes qui finançaient PSCI. De
même, quand un projet de recherche était financé par plus d’une entité, chaque
organisme exigeait que lui soit présenté un rapport distinct sur la façon dont ses fonds
étaient dépensés dans le cadre du projet de recherche qui avait été approuvé.
[26] Les parties s’entendent au sujet du traitement fiscal des installations aux fins
de la disposition de la Loi qui porte sur les activités de recherche scientifique et de
développement expérimental, étant donné que le bâtiment était une immobilisation
qui avait été financée au moyen d'une aide gouvernementale s’élevant à trois millions
de dollars. En l’espèce, les questions du crédit d’impôt à l’investissement
remboursable et de l’alinéa 12(1)x) se posent à l’égard de la subvention de 900 000 $
que l’État a accordée sur trois ans.Page : 9
D. La comptabilité générale
[27] Les états financiers vérifiés de PSC Elstow incluent des revenus de recherche.
Ces derniers ne sont pas ventilés entre les paiements faits par PSCI et ceux provenant
de tiers. Le vérificateur n’a pas comptabilisé à titre de revenus les montants tirés de la
vente de porcs, mais les a déduits des dépenses. Il s’agit d’une pratique compatible
avec les principes comptables généralement reconnus (les « PCGR ») et les pratiques
commerciales ordinaires, qui n’a pas été remise en question. J’accepte cette pratique
comme étant conforme à la fois aux PCGR et aux pratiques commerciales ordinaires.
E. Le fondement des cotisations établies par l’Agence du revenu du Canada
(l’« ARC »)
[28] L’agent des appels de l’ARC a également déposé. Il a accepté l’avis des
conseillers scientifiques de l’ARC selon lequel les projets menés dans les
installations d’Elstow étaient des activités de recherche scientifique et de
développement expérimental. De même, il a accepté l’avis de l’examinateur financier
de l’ARC selon lequel les dépenses énumérées et déduites se rapportaient bel et bien
à ces activités de recherche scientifique et de développement expérimental. Ce qui
préoccupait l’agent en ce qui concerne le déduction demandée par PSC Elstow, c'était
le fait que les dépenses de RS&DE que PSC Elstow avait déduites de son revenu
devaient nécessairement avoir été engagées relativement à des activités de RS&DE
liées à ses activités commerciales, et il croyait que le concept d’entreprise consistant
exclusivement à exercer des activités de recherche et de développement n’existait
plus, même s’il avait existé avant que certaines modifications ne soient apportées à la
Loi.
[29] Bien qu'elle ait permis à PSC Elstow de déduire à titre de dépenses de RS&DE
liées à ses activités commerciales 10 % des coûts que celle-ci avait supportés, l’ARC
n’a pas admis que PSC Elstow était une société uniquement vouée à la recherche, et
elle a par conséquent recherché des dépenses de RS&DE engagées dans le cadre de
projets de recherche particuliers ayant un lien avec l’élevage porcin d’Elstow.
II. Les conclusions
[30] Je conclus qu’il ne s’agit pas d’une situation dans laquelle les entités ont
entrepris d’exploiter une entreprise commerciale d'élevage de porcs dans le cadre de
laquelle elles pourraient se livrer parallèlement à leurs recherches. Il ne s’agit même
pas d’un cas dans lequel les entités ont décidé de faire de la recherche et de bâtir unePage : 10
entreprise porcine commerciale afin de financer en partie les activités de recherche.
Je suis convaincu que, une fois que la décision de faire les recherches a été prise, il
était nécessaire sur les plans scientifique et technique de disposer d’installations
spécialisées qui, comme celles d’un exploitant commercial, permettaient d’avoir un
troupeau qui passait par toutes les étapes du naissage-engraissage, jusqu’à la vente. Il
a fallu construire et exploiter les installations pour pouvoir faire les recherches, et les
dépenses de construction et d'exploitation devaient être engagées afin d'effectuer ces
recherches. Ces frais de recherche étaient bien sûr en partie compensés ou diminués
du fait qu’une fois parvenus à maturité complète, les porcs pouvaient être vendus
comme n’importe lesquels autres. Véritable paillasse ou laboratoire, les installations
d’Elstow sont indispensables pour effectuer les recherches.
[31] Je suis également convaincu que l'entreprise de PSC Elstow se limitait à la
recherche. Elle n’exploitait pas non plus une entreprise d’élevage porcin commercial
en parallèle. Ses activités de production de porcs ne pouvaient manifestement pas être
décrites comme étant menées de manière commerciale. Des revenus qu’on aurait pu
tirer de la vente de porcs étaient sacrifiés au profit des résultats scientifiques, et non
l’inverse.
[32] Je conclus également que les projets de recherche menés dans les installations
d’Elstow, mis à part les recherches faites en vertu de contrats conclus avec des tiers,
étaient menés à titre de coentreprise par PSCI et PSC Elstow. Cela concorde avec le
fait que l’ARC a toujours accepté que 10 % des dépenses par ailleurs admissibles
engagées par PSC Elstow pour des activités de recherche scientifique et de
développement expérimental ont été engagées par elle et étaient liées à sa propre
entreprise. Apparemment, l’ARC considérait que PSC Elstow exploitait deux
entreprises : la production commerciale de porcs représentant son activité principale
(90 %), et ses recherches portant sur les porcs correspondant aux 10 % restants. Il
s’agit là d’un élément important parce qu’il signifie que l’intimée a aussi accepté que
les ententes entre PSCI et PSC Elstow en vue de l'exécution de projets de recherche
particuliers créaient un genre de coentreprise. Cela signifie surtout qu'en vertu des
ententes de recherche PSC Elstow se livrait à des activités de recherche, et ne se
limitait pas à donner à d’autres accès à des installations de recherche. Dans le cadre
de cette entente de recherche en coentreprise, PSCI a fourni dans une large mesure le
personnel scientifique et l’équipement et a supporté d’autres frais directs liés aux
projets de recherche. La contribution de PSC Elstow a consisté surtout à donner accès
à ses installations et à en permettre l’utilisation, et à fournir les services de son
personnel d’étable.Page : 11
[33] Je conclus que PSC Elstow avait un lien de dépendance avec PSCI aux fins de
la Loi, étant donné que PSCI détenait la majorité des actions avec droit de vote de
PSC Elstow.
[34] Finalement, comme je l’ai déjà dit, j’accepte que déduire des frais
d’exploitation le produit de la vente des porcs, comme on l'a fait dans les états
financiers vérifiés de PSC Elstow, était conforme aux PCGR et aux pratiques
commerciales ordinaires. Voila qui entraîne la conclusion que les revenus de
PSC Elstow, si faibles qu'ils aient pu être, provenaient tous de ses activités de
recherche. À cet égard, le produit de la vente des porcs ne diffère pas de celui qu’un
chercheur plus traditionnel tire de la vente du matériel inutilisé, transformé ou restant
dont il n’a plus besoin pour ses expériences.
III. Les questions en litige
[35] En l’espèce, il y a trois questions en litige.
[36] La première est de savoir si l'entreprise de PSC Elstow se limite à la recherche,
de telle manière que toutes ses dépenses sont nécessairement liées à la RS&DE, ou si
une partie des recherches auxquelles elle se livre se rapportent à son entreprise
commerciale d'élevage de porcs, auquel cas les dépenses doivent pouvoir faire l’objet
d’un suivi et être rattachées à des projets de recherche précis, et elles ne peuvent pas
comprendre les frais d’exploitation de l’entreprise d'élevage porcin.
[37] La deuxième question est de savoir si le paragraphe 127(19) de la Loi fait en
sorte que le montant des dépenses de RS&DE de PSC Elstow ou du crédit d’impôt à
l’investissement remboursable auquel elle a droit se trouve être réduit par la totalité
ou une partie de la subvention de l’État de 900 000 $ que PSCI a reçue.
[38] La troisième question est de savoir si, en vertu de l’alinéa 12(1)x) de la Loi,
une quelconque fraction de la subvention de l’État de 900 000 $ accordée à PSCI qui
n’est pas visée par le paragraphe 127(19) de la Loi doit être incluse dans le revenu de
PSC Elstow.
IV. Le droit applicable et analyse
A. Les crédits d’impôt à l’investissement pour les activités de recherche scientifique
et de développement expérimentalPage : 12
[39] Le paragraphe 248(1) de la Loi définit les activités de recherche scientifique et
de développement expérimental. Le ministre ne conteste pas le fait que l’appelante
exerce de telles activités. Il le reconnaît expressément.
[40] Le montant des dépenses de PSC Elstow n’est pas non plus contesté.
[41] La question qui est au cœur du litige est celle de savoir si ces dépenses étaient
des « dépenses admissibles », telles que les définit le paragraphe 127(9) de la Loi aux
fins du crédit d’impôt à l'investissement. De telles dépenses admissibles comprennent
les dépenses qui ont été engagées par un contribuable pour des activités de recherche
scientifique et de développement expérimental et qui sont des dépenses décrites à
l’alinéa 37(1)a) de la Loi. De plus, les dépenses prévues par règlement sont exclues
de la définition de « dépense admissible ».
[42] L’alinéa 37(1)a) de la Loi décrit d'une manière générale les dépenses de nature
courante par opposition aux dépenses en capital effectuées pour des activités de
recherche scientifique et de développement expérimental. Afin de se prévaloir de
l’alinéa 37(1)a) de la Loi, un contribuable doit exploiter une entreprise, et, pour
répondre aux exigences du paragraphe 37(1) de la Loi, il doit s’agir d’une dépense de
nature courante pour des activités de recherche scientifique et de développement
expérimental que le contribuable a exercées et qui se rapportaient à son entreprise.
[43] À cette égard, l’alinéa 37(8)c) de la Loi prévoit que l’exercice d’activités de
recherche scientifique et de développement expérimental ne sera pas considéré
comme une entreprise à laquelle ces activités se rapportent, sauf si le contribuable
obtient la totalité, ou presque, de ses recettes de l’exercice de telles activités.
[44] De plus, les subdivisions 37(8)a)(ii)(A)(I) et (II) prévoient que les dépenses
doivent aussi être attribuables à des activités de recherche scientifique et de
développement expérimental ou à la fourniture, à ces fins, de locaux, d’installations
ou de matériel. L’alinéa 2900(2)c) du Règlement de l’impôt sur le revenu (le
« Règlement ») prévoit que les dépenses directement attribuables à des activités de
recherche scientifique et de développement expérimental incluent les dépenses
directement liées à ces activités qui n’auraient pas été engagées si celles-ci n’avaient
pas été exercées. Les alinéas 2900(3)a) et b) du Règlement prévoient que les
dépenses directement attribuables à la fourniture de locaux, d’installations ou de
matériel incluent le coût de leur entretien ainsi que d'autres dépenses, qui n’auraient
pas été engagées si les locaux, les installations ou le matériel n’avaient pas existé.Page : 13
[45] En l’espèce, les faits indiquent que les dépenses de PSC Elstow satisfont à
l'exigence selon laquelle elles doivent être des dépenses décrites à l’alinéa 37(8)a) de
la Loi, et qu’elles ne sont pas exclues en vertu de l’alinéa 37(8)c).
[46] L’article 2902 du Règlement énumère les « dépenses prescrites », qui sont
exclues de la définition de « dépense admissible » aux fins du crédit d’impôt à
l'investissement. Le sous-alinéa 2902a)(ii) exclut les dépenses courantes effectuées
pour la préservation générale et l’entretien de locaux, d’installations et de matériel,
mais seulement dans la mesure où ces dépenses ne sont pas imputables à la poursuite
d’activités de recherche scientifique et de développement expérimental. Compte tenu
des faits en l’espèce, le sous-alinéa 2902a)(ii) in fine s'applique, de sorte que les
dépenses de PSC Elstow ne sont pas des dépenses prescrites.
[47] Comme il a été mentionné précédemment, l’ARC était d’avis que le concept
d’entité exclusivement vouée aux activités de recherche et de développement avait
été retiré de la Loi aux fins des activités de recherche scientifique et de
développement expérimental. Tel n’est manifestement pas le cas, comme le prouvent
l’alinéa 37(8)c) de la Loi ainsi que la formulation employée à la fin de
l’alinéa 2901a) du Règlement. Il semble que l’ARC soit allée bien trop loin dans son
interprétation de la suppression de termes semblables à la fin de l’alinéa 2902a).
[48] Même si le produit de la vente des porcs devenus inutiles aux fins de la
recherche est considéré comme un revenu, et pas simplement comme un élément à
déduire des dépenses, PSC Elstow n’en continuera pas moins de tirer l’intégralité de
ses revenus de l’exercice d’activités de recherche scientifique et de développement
expérimental. Le produit de la vente d’un sous-produit de la recherche ou d’un
produit transformé ayant servi à celle-ci n’en provient pas moins des activités de
recherche. Cela est d’autant plus vrai que PSC Elstow n’exploite pas une entreprise
commerciale d'élevage de porcs ni quelque entreprise que ce soit autre que la
recherche scientifique et le développement expérimental. Je doute sérieusement que
la Cour eût été saisie de cette question si, au lieu de porcs, il s’était agi de souris
blanches, de rats ou de lapins, pour lesquels il n’y a pas de marché appréciable.
[49] Ce n'est toujours pas clair dans mon esprit qui possédait en fait les droits sur
les résultats des recherches, ou dans quelle proportion ces droits étaient partagés.
Toutefois, aux fins des dispositions particulières portant sur les activités de recherche
scientifique et de développement expérimental applicables en l’espèce, il n’est pas
exigé expressément que la personne qui exerce ces activités possède les droits sur la
recherche. Une telle exigence est imposée, cependant, en ce qui concerne certainesPage : 14
autres dispositions de la Loi relatives aux activités de recherche scientifique et de
développement expérimental.
B. Le paragraphe 127(19)
[50] Le contribuable prétend que le paragraphe 127(19) de la Loi ne peut
s’appliquer à PSC Elstow relativement à des subventions reçues par PSCI et non par
PSC Elstow. La Couronne soutient que le paragraphe 127(19) s’applique à
PSC Elstow relativement à la totalité du montant reçu par PSCI.
[51] Le paragraphe 127(19) est ainsi rédigé :
(19) Dans le cas où une
personne ou une société de
personnes (appelées
« bénéficiaire » au présent
paragraphe) reçoit, est en droit
de recevoir ou peut
vraisemblablement s’attendre à
recevoir, au plus tard à la date
d’échéance de production qui
lui est applicable pour son
année d’imposition, un
montant donné qui représente
une aide gouvernementale, une
aide non gouvernementale ou
un paiement contractuel qu’il
est raisonnable de considérer
comme se rapportant à des
activités de recherche
scientifique et de
développement expérimental,
le montant donné est appliqué
en réduction de chaque
dépense admissible,
déterminée par ailleurs, qui est
visée à l’alinéa c) s’il dépasse
le total des montants suivants :
(19) Where on or before the
filing-due date for a taxation
year of a person or partnership
(referred to in this subsection
as the “recipient”) the recipient
has received, is entitled to
receive or can reasonably be
expected to receive a particular
amount that is government
assistance, non-government
assistance or a contract
payment that can reasonably be
considered to be in respect of
scientific research and
experimental development and
the particular amount exceeds
the total of
[...]
[…]
c) le total des montants
dont chacun représenterait,
n’eût été l’application du
(c) the total of all amounts
each of which would, but
for the application of thisPage : 15
présent paragraphe au
montant donné, une
dépense admissible qui
répond aux conditions
suivantes :
(i) elle a été engagée par
une personne ou une
société de personnes au
cours de son année
d’imposition qui s’est
terminée dans l’année
d’imposition du
bénéficiaire,
(ii) il est raisonnable de
considérer qu’elle se
rapporte aux activités de
recherche scientifique et
de développement
expérimental, dans la
mesure où celles-ci ont
été exercées par la
personne ou la société de
personnes à un moment
où elle avait un lien de
dépendance avec le
bénéficiaire.
subsection to the particular
amount, be a qualified
expenditure
(i) that was incurred by a
person or partnership in a
taxation year of the
person or partnership that
ended in the recipient’s
taxation year, and
(ii) that can reasonably be
considered to be in
respect of the scientific
research and
experimental
development to the extent
that it was performed by
the person or partnership
at a time when the person
or partnership was not
dealing at arm’s length
with the recipient,
the particular amount shall be
applied to reduce each qualified
expenditure otherwise
determined that is referred to in
paragraph 127(19)(c).
[52] Il appert clairement de la première phrase du paragraphe 127(19) (et des
première et dernière phrases de la version anglaise de celui-ci) que la Couronne a
raison de soutenir que, dans certaines circonstances, les dépenses admissibles faites
par une personne, PSC Elstow en l’occurrence, pour des activités de recherche
scientifique et de développement expérimental peuvent être réduites du montant de
l’aide gouvernementale reçue par une autre personne, soit PSCI. Cela ressort
clairement tant de la version française que de la version anglaise du paragraphe
susmentionné, même s’il est nécessaire de les lire toutes deux attentivement,
posément et à plusieurs reprises. Cela s’explique par le fait que les dépensesPage : 16
admissibles à être réduites sont expressément désignées comme étant celles décrites à
l’alinéa 127(19)c) de la Loi, soit les dépenses d'une personne autre que le
bénéficiaire.
[53] Cette réduction ne peut s’appliquer que dans la mesure où les deux personnes
ont entre elles un lien de dépendance. Or, PSCI et PSC Elstow n'ont pas entre elles un
lien de dépendance étant donné que PSCI détient la majorité des actions de PSC
Elstow.
[54] Je suis convaincu que l’aide gouvernementale de 900 000 $ reçue par PSCI
peut être raisonnablement considérée comme ayant été reçue en vue de la conduite
d’activités de recherche scientifique et de développement expérimental. Le
programme de financement public visait à promouvoir les activités de recherche et de
développement, et l’argent destiné à PSCI devait financer un programme de
recherche particulier.
[55] Toutefois, l’alinéa 127(19)c) de la Loi exige aussi qu’il soit raisonnable de
considérer les dépenses admissibles qui ont été engagées par PSC Elstow pour ses
activités de recherche scientifique et de développement expérimental et qui sont
susceptibles de réduction comme se rapportant aux activités de recherche scientifique
et de développement expérimental pour lesquelles PSCI a reçu l’aide
gouvernementale. En l’espèce, la preuve montre clairement que 12 des 16 projets de
recherche que PSCI a financés à l’aide des subventions qu’elle a reçues n’avaient rien
à voir avec PSC Elstow ou les installations d’Elstow. La fraction des 900 000 $
d’aide gouvernementale reçue par PSCI qui a servi à financer ces 12 projets ne
satisfait pas aux exigences de l’alinéa 127(19)c) de la Loi, et ne peut donc pas être
appliquée en réduction des dépenses admissibles de PSC Elstow. Le
paragraphe 127(19) de la Loi ne s’appliquera que de manière à réduire les dépenses
admissibles faites par PSC Elstow dans le cadre des quatre autres projets de
recherche.
C. L’alinéa 12(1)x)
[56] En faisant les cotisations et les déterminations de pertes qui sont en cause,
l’ARC a adopté la position que, dans la mesure où les 900 000 $ d’aide
gouvernementale excédaient la réduction des dépenses admissibles de PSC Elstow
prévue par le paragraphe 127(19) de la Loi, la différence devait être incluse dans le
revenu de PSC Elstow en vertu de l’alinéa 12(1)x) de la Loi.Page : 17
[57] L’alinéa 12(1)x) prévoit ce qui suit :
12.(1) Somme à inclure dans
le revenu – Sont à inclure dans
le calcul du revenu tiré par un
contribuable d’une entreprise
ou d’un bien, au cours d’une
année d’imposition, celles des
sommes suivantes qui sont
applicables :
[…]
12.(1) Income inclusions –
There shall be included in
computing the income of a
taxpayer for a taxation year as
income from a business or
property such of the following
amounts as are applicable:
[...]
x) Paiements incitatifs et
autres – un montant (à
l’exclusion d’un montant
prescrit) reçu par le
contribuable au cours de
l’année pendant qu’il tirait
un revenu d’une entreprise
ou d’un bien :
(i) soit d’une personne ou
d’une société de
personnes (appelée
« débiteur » au présent
alinéa) qui paie le
montant, selon le cas :
(A) en vue de tirer un
revenu d’une entreprise
ou d’un bien,
(B) en vue d’obtenir un
avantage pour
elle-même ou pour des
personnes avec qui elle
a un lien de
dépendance,
(x) Inducement,
reimbursement, etc. – any
particular amount (other than a
prescribed amount) received by
the taxpayer in the year, in the
course of earning income from
a business or property, from
(i) a person or partnership
(in this paragraph referred
to as the “payer”) who
pays the particular amount
(A) in the course of
earning income from a
business or property,
(B) in order to achieve a
benefit or advantage for
the payer or for persons
with whom the payer
does not deal at arm’s
length, or
(C) dans des
circonstances où il est
raisonnable de conclure
(C) in circumstances
where it is reasonable to
conclude that the payerPage : 18
qu’elle n’aurait pas
payé le montant si elle
n’avait pas reçu des
montants d’un débiteur,
d’un gouvernement,
d’une municipalité ou
d’une autre
administration visés au
présent sous-alinéa ou
au sous-alinéa (ii),
(ii) soit d’un
gouvernement, d’une
municipalité ou d’une
autre administration,
s’il est raisonnable de
considérer le montant comme
reçu :
would not have paid the
amount but for the
receipt by the payer of
amounts from a payer,
government,
municipality or public
authority described in
this subparagraph or in
subparagraph (ii), or
(ii) a government,
municipality or other
public authority,
(iii) soit à titre de
paiement incitatif, sous
forme de prime, de
subvention, de prêt à
remboursement
conditionnel, de déduction
de l’impôt ou d’indemnité,
ou sous toute autre forme,
(iv) soit à titre de
remboursement, de
contribution ou
d’indemnité ou à titre
d’aide, sous forme de
prime, de subvention, de
prêt à remboursement
conditionnel, de déduction
de l’impôt ou d’indemnité,
ou sous toute autre forme,
à l’égard, selon le cas :
(A) d’une somme
incluse dans le coût d’un
bien ou déduite au titre
de ce coût,
where the particular amount can
reasonably be considered to
have been received
(iii) as an inducement,
whether as a grant,
subsidy, forgivable loan,
deduction from tax,
allowance or any other
form of inducement, or
(iv) as a refund,
reimbursement,
contribution or allowance
or as assistance, whether
as a grant, subsidy,
forgivable loan, deduction
from tax, allowance or
any other form of
assistance, in respect of
(A) an amount included
in, or deducted as, thePage : 19
(B) d’une dépense
engagée ou effectuée,
dans la mesure où le montant,
selon le cas :
(v) n’a pas déjà été inclus
dans le calcul du revenu
du contribuable ou déduit
dans le calcul, pour
l’application de la
présente loi, d’un solde de
dépenses ou autres
montants non déduits,
pour l’année ou pour une
année d’imposition
antérieure,
(vi) sous réserve des
paragraphes 127(11.1),
(11.5) ou (11.6), ne réduit
pas, pour l’application
d’une cotisation établie en
vertu de la présente loi, ou
pouvant l’être, le coût ou
le coût en capital du bien
ou le montant de la
dépense,
cost of property, or
(B) an outlay or
expense,
to the extent that the particular
amount
(v) was not otherwise
included in computing the
taxpayer’s income, or
deducted in computing,
for the purposes of this
Act, any balance of
undeducted outlays,
expenses or other
amounts, for the year or a
preceding taxation year,
[…]
(vi) except as provided by
subsection 127(11.1),
(11.5) or (11.6), does not
reduce, for the purpose of
an assessment made or
that may be made under
this Act, the cost or capital
cost of the property or the
amount of the outlay or
expense, as the case may
be,
[...]
[58] Il ressort clairement de l’alinéa 12(1)x) qu’un montant ne peut être inclus dans
le revenu d’un contribuable à moins d’avoir été réellement reçu par celui-ci. La
division 12(1)x)(i)(C) de la Loi peut s’appliquer aux montants reçus par un
contribuable d’une personne distincte du gouvernement et dont la source est de l’aide
gouvernementale que cette dernière a obtenue. L’aide gouvernementale reçue par
PSCI ne peut venir augmenter le revenu de PSC Elstow dans la mesure où PSCI l’a
dépensée pour des projets de PSCI qui n’avaient rien à voir avec PSC Elstow ou ses
installations.Page : 20
[59] Dans la mesure où l’aide gouvernementale de 900 000 $ accordée à PSCI avait
un rapport avec des projets de recherche de PSC Elstow et a, par conséquent, réduit
les dépenses admissibles de celle-ci du fait de l’application du paragraphe 127(19) de
la Loi, les montants concernés ne peuvent aussi être inclus dans le revenu de
PSC Elstow en vertu de l’alinéa 12(1)x), et ce, à cause du sous-alinéa 12(1)x)(v).
Par conséquent, l’alinéa 12(1)x) de la Loi ne peut s’appliquer compte tenu des faits
de la présente affaire.
[60] Les appels seront accueillis en partie, et les cotisations et déterminations seront
renvoyées au ministre pour qu’il procède à un nouvel examen et établisse de
nouvelles cotisations conformément aux présents motifs. Compte tenu des
circonstances, il n’y aura pas d’adjudication de dépens.
Signé à Ottawa, Canada, ce 29e jour de décembre 2008.
« Patrick Boyle »
Juge Boyle
Traduction certifiée conforme
ce 30e jour de juin 2009.
Erich Klein, réviseurRÉFÉRENCE : 2008 CCI 694
NOS DES DOSSIERS DE LA COUR : 2004-986(IT)G, 2004-3531(IT)G
INTITULÉ DE LA CAUSE: LIEU DE L’AUDIENCE : DATES DE L’AUDIENCE : MOTIFS DU JUGEMENT PAR: DATE DU JUGEMENT : COMPARUTIONS :
Avocats de l’appelante : PSC Elstow Research Farm Inc. c. Sa
Majesté la Reine
Saskatoon (Saskatchewan)
Les 25, 26 et 27 février 2008
L’honorable juge Patrick Boyle
Le 29 décembre 2008
Avocat de l’intimée : Me Scott D. Waters
Me Raymond Wiebe
Me Ernest Wheeler
AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER :
Pour l’appelante :
Noms : Me Scott D. Waters
Me Raymond Wiebe
Cabinet : McDougall Gauley LLP
Saskatoon (Saskatchewan)
Pour l’intimée : John H. Sims, c.r.
Sous-procureur général du Canada
Ottawa, Canada