EXXONMOBIL CANADA LTD., c. SA MAJESTÉ LA REINE,

Dossier : 2013-705(IT)G

ENTRE :

EXXONMOBIL CANADA LTD.,

et

SA MAJESTÉ LA REINE,

[TRADUCTION FRANÇAISE OFFICIELLE]

appelante,

intimée.

Appel entendu sur une preuve commune avec l’appel de ExxonMobil Canada

Hibernia Company Ltd. (2012-1389(IT)G))

du 14 au 17 janvier 2019, du 21 au 24 janvier 2019

et les 28 et 29 janvier 2019, à Calgary (Alberta)

Devant : L’honorable juge John R. Owen

Comparutions :

Avocats de l’appelante : Avocats de l’intimée : Mes Gerald Grenon, David Jacyk et

Brynne Harding

Mes Rosemary Fincham, Suzanie Chua

et Cédric Renaud-Lafrance

JUGEMENT

ATTENDU QUE, avant le début de l’audition du présent appel, les parties ont

réglé un nombre important de questions soulevées dans l’avis d’appel initial

déposé par l’appelante;

ET ATTENDU QUE le règlement de ces questions a fait l’objet d’un

jugement et d’une ordonnance partiels rendus par le juge Paris de la Cour le

5 mars 2018;

ET ATTENDU QUE, au début de l’audition du présent appel, les parties ont

présenté un consentement partiel à jugement daté du 13 janvier 2019 qui venaitPage : 2

résoudre entièrement les questions 8, 9, 10 et 11 qui faisaient encore l’objet de

l’appel;

ET ATTENDU QUE le reste de la question en appel est de savoir si la part

des revenus de l’appelante provenant de la vente de pétrole brut donne droit à la

déduction relative aux ressources en application de l’ancien alinéa 20(1)v.1) de la

Loi de l’impôt sur le revenu (« LIR »);

PAR CONSÉQUENT, conformément aux motifs du jugement ci-joints,

l’appel interjeté contre la nouvelle cotisation établie sous le régime de la LIR pour

l’année d’imposition se terminant le 30 novembre 2000, dont l’avis porte la date du

31 décembre 2018, est accueilli, et cette nouvelle cotisation est renvoyée au

ministre du Revenu national afin qu’il procède à un nouvel examen et établisse une

nouvelle cotisation en partant du principe qu’aucun revenu n’a été tiré par

l’appelante du transport ou de la transmission de pétrole.

Chaque partie doit prendre en charge ses propres dépens.

Signé à Ottawa, Canada, ce 7e jour de mai 2019.

« J.R. Owen »

Le juge Owen

Traduction certifiée conforme

ce 21e jour de février 2020.

François Brunet, réviseurDossier : 2012-1389(IT)G

ENTRE :

EXXONMOBIL CANADA

HIBERNIA COMPANY LTD.,

et

SA MAJESTÉ LA REINE,

[TRADUCTION FRANÇAISE OFFICIELLE]

appelante,

intimée.

Appel entendu sur preuve commune avec l’appel de

ExxonMobil Canada Ltd. (2003-705(IT)G) du

14 au 17 janvier 2019, du 21 au 24 janvier 2019 et

les 28 et 29 janvier 2019, à Calgary (Alberta)

Devant : L’honorable juge John R. Owen

Comparutions :

Avocats de l’appelante : Avocats de l’intimée : Mes Gerald Grenon, David Jacyk et

Brynne Harding

Mes Rosemary Fincham, Suzanie Chua

et Cédric Renaud-Lafrance

JUGEMENT

ATTENDU QUE, avant le début de l’audience du présent appel, les parties

ont réglé deux des cinq questions soulevées dans l’avis d’appel initial déposé par

l’appelante;

ET ATTENDU QUE le règlement de ces questions a fait l’objet d’un

jugement partiel rendu par le juge Paris de la Cour le 13 juin 2017;

ET ATTENDU QUE, au début de l’audience du présent appel, les parties ont

présenté un consentement partiel à jugement daté du 13 janvier 2019 qui venait

résoudre entièrement la question 4 faisant l’objet de l’appel;Page : 2

ET ATTENDU QUE les autres questions en appel sont de savoir si la part des

revenus de l’appelante provenant de la vente de pétrole brut donne droit à la

déduction relative à des ressources et si la part des dépenses de l’appelante

engagées pour forer un puits est admissible comme dépenses relatives à des

activités de recherche scientifique et de développement expérimental (RS & DE);

PAR CONSÉQUENT, conformément aux motifs du jugement ci-joints :

1. l’appel interjeté de la nouvelle cotisation établie en vertu de la Loi de

l’impôt sur le revenu (« LIR ») pour l’année d’imposition se terminant le

31 décembre 2005, dont l’avis est daté du 4 mars 2010, en ce qui a trait à

la question de déduction relative à des ressources est accueilli et la

nouvelle cotisation est déférée au ministre du Revenu national pour qu’il

procède à un nouvel examen et établisse une nouvelle cotisation en

partant du principe qu’aucun revenu n’a été tiré par l’appelante du

transport ou de la transmission de pétrole;

2. l’appel de la nouvelle cotisation établie en application de la LIR pour

l’année d’imposition se terminant le 31 décembre 2005, dont l’avis est

daté du 4 mars 2010, concernant la question relative aux activités de

recherche scientifique et de développement expérimental (RS & DE) est

rejeté.

Chaque partie doit prendre en charge ses propres dépens.

Signé à Ottawa, Canada, ce 7e jour de mai 2019.

« J.R. Owen »

Le juge Owen

Traduction certifiée conforme

ce 21e jour de février 2020.

François Brunet, réviseurRéférence : 2019 CCI 108

Date : 20190507

Dossier : 2013-705(IT)G

ENTRE :

EXXONMOBIL CANADA LTD.,

et

SA MAJESTÉ LA REINE,

appelante,

intimée;

Dossier : 2012-1389(IT)G

ET ENTRE :

EXXONMOBIL CANADA

HIBERNIA COMPANY LTD.,

appelante,

et

SA MAJESTÉ LA REINE,

intimée;

[TRADUCTION FRANÇAISE OFFICIELLE]

MOTIFS DU JUGEMENT

Le juge Owen

I. Introduction

[1] Notre Cour est saisie des appels interjetés par ExxonMobil Canada Ltd.

(« EMCL ») relativement à la nouvelle cotisation établie à l’égard de son année

d’imposition se terminant le 30 novembre 2000 par avis daté du 31 décembre 2018

et par ExxonMobil Canada Hibernia Company Ltd. (« EMCHCL ») relativement à

la nouvelle cotisation établie à l’égard de son année d’imposition se terminant le

31 décembre 2005 par un avis daté du 4 mars 2010.Page : 2

[2] Avant le début de l’audience du présent appel, les parties ont réglé un

nombre important de questions soulevées dans les avis d’appel initiaux déposés par

EMCL et EMCHCL; Le règlement de ces questions a été concrétisé, dans le cas

d’EMCL, par un jugement partiel et une ordonnance du juge Paris en date du

5 mars 2018 et, dans le cas d’EMCHCL, dans un jugement partiel du juge Paris en

date du 13 juin 2017.

[3] Au début de l’audition des présents appels, les parties ont présenté à la Cour

deux autres consentements partiels à jugement portant sur toutes les autres

questions sauf deux. J’ai retenu les consentements partiels à jugement et j’ai

intégré à mon jugement les questions discutées dans ces consentements.

[4] En conséquence de ce qui précède, les deux seules questions discutées lors

de l’audition des présents appels étaient les suivantes : 1) la nouvelle cotisation

établie à l’égard d’EMCL visant à reclassifier sa quote-part de 3 674 626 $ des

revenus tirés par ExxonMobil Canada Properties, une société en nom collectif

d’EMCL et d’ExxonMobil Canada Resources Company, de la vente de pétrole brut

pendant son exercice terminé le 31 décembre 1999 comme n’étant pas admissible à

la déduction relative à des ressources prévue à l’ancien alinéa 20(1)v.1) de la Loi

de l’impôt sur le revenu (la « LIR ») et de la partie XII du Règlement de l’impôt

sur le revenu (le « RIR ») et la nouvelle cotisation établie à l’égard d’EMCHCL

visant à reclassifier 530 138 $ de ses revenus provenant de la vente de pétrole brut

au cours de son année d’imposition 2005 comme n’étant pas admissible à la

déduction relative aux ressources, et (2) la nouvelle cotisation établie à l’égard

d’EMCHCL en vue de rejeter la demande d’EMCHCL selon laquelle sa part des

dépenses engagées en 2005 pour forer le puits B16-54 était admissible à titre de

dépense relative à des « activités de recherche scientifique et de développement

expérimental » au sens du paragraphe 248(1) de la LIR (la « demande de

RS & DE »).

II. Les faits

[5] Les parties ont déposé un exposé conjoint partiel des faits (l’« ECPF ») et un

recueil conjoint de documents (le « RCD »). Les figures 1 à 5 de l’ECPF sont

reproduites à l’annexe A des présents motifs et le texte de l’ECPF est reproduit ci-

dessous. Par souci de commodité, j’appellerai Hibernia le projet situé au large de la

côte est de Terre-Neuve-et-Labrador et portant sur la mise en valeur et

l’exploitation des champs de pétrole d’Hibernia.

[6] L’appelante a cité à comparaître les témoins des faits suivants :Page : 3

1) John Joseph Henley. M. Henley a été, à titre de consultant ou

d’employé, au service de la Société d’exploitation et de

développement d’Hibernia ltée (SEDH), qui exploitait Hibernia. De

2001 à 2006, M. Henley a été président de Newfoundland

Transshipment Limited (« NTL »), qui était propriétaire du terminal

de transbordement Whiffen Head (« Whiffen Head ») à Placentia Bay,

à Terre-Neuve. Le témoignage de M. Henley portait sur la question de

la déduction relative aux ressources.

2) John Edward Eastwood. M. Eastwood est géophysicien et sismologue

et a été directeur de la production géoscientifique pour Hibernia et

d’autres projets à proximité entre 2003 et 2007. Il a décrit le rôle de

l’équipe multidisciplinaire composée de 12 à 14 personnes qu’il a

supervisée comme ayant pour but de caractériser les réservoirs, de

comprendre la quantité des réserves et de mettre en valeur les champs

de la manière la plus « optimale » possible. M. Eastwood a quitté

Hibernia en 2007.

3) Peter John Vrolijk. En 1989, M. Vrolijk s’est joint à ce qui est devenu

par la suite ExxonMobil Upstream Research Company (« EMURC »)

à titre de chercheur et y est demeuré jusqu’à sa retraite en 2016.

EMURC a entrepris des recherches nouvelles et, dans de nombreux

cas, exclusives pour obtenir un avantage concurrentiel dans

l’exploration et la production de pétrole et de gaz. EMURC a

également fourni une expertise technique à d’autres sociétés du

groupe ExxonMobil.

4) Arslan Akhmetov. M. Akhmetov est superviseur géoscientifique de la

production chez Imperial Oil en Alberta. L’équipe que M. Akhmetov

supervise s’occupe de tous les efforts géoscientifiques déployés à

l’appui de la production de pétrole à Hibernia ainsi qu’à l’égard

d’autres biens de production.

5) James Ridley Muir. M. Muir a été conseiller en recherche et

technologie à l’Agence du revenu du Canada (l’« Agence ») de 2004

jusqu’au début de 2009.

6) Chris Chiwetelu. M. Chiwetelu a occupé le poste de spécialiste

national du secteur de la technologie à l’Agence à compter de 2000 et

a participé à l’examen par l’Agence de la demande de RS & DE.Page : 4

[7] En plus des six témoins de fait appelés par l’appelante, l’appelante et

l’intimé ont chacune appelé un témoin expert. M. Fairchild a témoigné en faveur

de l’appelante et le professeur Gringarten a témoigné pour l’intimée. M. Fairchild a

été reconnu comme expert dans le domaine de la géologie et de la géophysique

ainsi que dans le développement et l’utilisation de l’analyse de la connectivité des

réservoirs. Le professeur Gringarten a été reconnu comme expert dans la

caractérisation des réservoirs, en particulier dans l’analyse de la connectivité des

réservoirs, et dans la prise de mesures concernant les puits et leurs utilisations, en

particulier l’analyse en matière d’essais de puits des données provenant des

appareils d’essai des couches filaires.

[8] J’ai conclu que tous les témoins étaient crédibles.

[9] L’ECPF énonce ceci :

1. Hibernia est un champ pétrolifère situé dans l’océan Atlantique Nord, à

environ 315 kilomètres à l’est de St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador), par

80 mètres d’eau, qui était exploité par la Hibernia Management & Development

Corporation (« HMDC »).

2. Les grès d’Hibernia et les grès d’Avalon sont les deux principaux

réservoirs du champ Hibernia.

3. En 1965, Mobil Oil Canada Ltd. a obtenu un permis d’exploration et a

commencé l’exploration pétrolière de la zone des Grands Bancs au large de la

province de Terre-Neuve en 1966.

4. Un puits de découverte a été foré dans le champ Hibernia en 1979 et

complété en 1980.

5. Le 15 janvier 1985, Mobil Oil Canada Ltd, Gulf Canada Resources Inc,

Petro-Canada Inc, Chevron Canada Resources Limited, Chevron Canada

Petroleum Limited et Columbia Gas Development of Canada Ltd. ont conclu

l’accord conjoint d’exploitation Hibernia.

6. Le 11 février 1985, le gouvernement du Canada (le « Canada ») et le

gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador (la « province ») ont signé l’Accord

atlantique (l’« Accord »).

7. L’Accord prévoyait la gestion conjointe et le partage des recettes à l’égard

des ressources pétrolières et gazières au large de Terre-Neuve-et-Labrador. Les

parties à l’Accord ont également convenu de créer l’Office Canada-Terre-Neuve

des hydrocarbures extracôtiers (l’« Office ») pour appliquer la législation

pertinente.Page : 5

8. parallèle.

L’Accord devait être mis en œuvre par une législation mutuelle et

9. Le 15 septembre 1985, Mobil Oil Canada Ltd, en son nom et au nom des

autres participants à une coentreprise concernant un projet d’exploitation

pétrolière extracôtière dans le champ Hibernia (désigné par la suite par l’Office

comme le « promoteur ») a présenté une demande comprenant le « plan de

retombées Hibernia » et le « plan de développement Hibernia ».

10. Le 30 mars 1990, le promoteur a soumis à l’Office, à titre d’information,

un plan intitulé « Mise à jour du plan de développement Hibernia » (la « mise à

jour »). Cette mise à jour exposait l’interprétation que le promoteur faisait alors de

la géologie et des caractéristiques du réservoir du champ Hibernia, ainsi que les

changements apportés à son approche prévue et aux installations proposées.

L’Office a déterminé que la mise à jour constituait un plan de développement

révisé qu’il devait approuver.

11. Dans sa mise à jour, le promoteur a proposé d’utiliser un « système de

chargement en mer » (SCM) composé d’un terminal de tubes ascenseurs du fond

marin, d’un tube ascenseur vertical flexible, d’une tête d’injection sous-marine et

d’un col de cygne, d’une bouée sous-marine et d’un tube ascenseur caténaire

flexible. Le système proposé par le promoteur était représenté à la figure 6 de la

décision 90.01.

12. Le 7 septembre 1990, Mobil Oil Canada Properties, une société en nom

collectif dont Mobil Oil Canada Ltd. était une associée, Gulf Canada Resources

Limited, Petro-Canada Hibernia Partnership, Chevron Canada Resources et

Hibernia Management and Development Company Ltd, ont conclu l’« accord

d’exploitation du champ Hibernia ». Le 24 mars 1993, ledit accord a été modifié

par l’« accord modifiant l’accord d’exploitation du champ Hibernia ».

13. Le 7 septembre 1990, Mobil Oil Canada Properties, une société en nom

collectif dont Mobil Oil Canada Ltd. était une associée, Gulf Canada Resources

Limited, Petro-Canada Hibernia Partnership, Chevron Canada Resources,

Hibernia Management and Development Company Ltd, Mobil Oil Canada Ltd.,

Petro-Canada Inc., et Chevron Canada Resources Limited ont conclu l’Entente

unanime des actionnaires du projet Hibernia. Le 24 mars 1993, cette entente a été

modifiée par l’« Entente unanime des actionnaires du projet Hibernia modifiée et

mise à jour ».

14. Le 10 novembre 1990, Sa Majesté la Reine du chef du Canada, Sa Majesté

la Reine du chef de la province de Terre-Neuve, Mobil Oil Canada Properties

(dont Mobil Oil Canada Ltd. était une associée), Chevron Canada Resources, Gulf

Canada Resources Limited et Petro-Canada Hibernia Partnership, ont conclu

l’« Entente-cadre relative au projet de développement Hibernia ». Cette entente a

été modifiée pour la première fois le 30 janvier 1992. L’entente a été modifiée dePage : 6

nouveau le 24 mars 1993 par la « deuxième entente de modification de l’Entente-

cadre relative au projet de développement Hibernia ».

15. Avant la construction du SCM, des études avaient été effectuées pour

déterminer jusqu’à quel point le SCM devait protéger à la fois le pétrolier et la

plateforme Hibernia. Une de ces études a été effectuée par Nordco Limited pour

le compte de Mobil Oil Canada Properties, datée de février 1990 (le « rapport

Nordco »).

16. Le rapport Nordco évaluait les caractéristiques de manœuvre et de dérive

des pétroliers Hibernia proposés pour déterminer la distance entre les systèmes de

chargement de pétrole brut et la plateforme Hibernia. Le rapport concluait qu’une

distance de sécurité de deux kilomètres était suffisante et laissait suffisamment de

temps à l’équipage du navire de réserve et du pétrolier pour reprendre le contrôle

des navires en cas de panne des moteurs principaux lors du chargement. Le

rapport Nordco contenait les recommandations suivantes :

a. La distance de sécurité entre la plateforme et le système de

chargement doit être de 2 km ou plus;

b. Les pétroliers ne doivent pas être autorisés à manœuvrer dans un

rayon de un kilomètre autour de la plateforme.

17. La décision finale a été prise par la direction d’Hibernia. Bien que la

direction d’Hibernia aurait fait des économies en plaçant le SCM le plus près

possible de la plateforme, l’expert maritime a décidé de le placer à

deux kilomètres de la plateforme.

18. Le 10 juillet 1996, la Société d’exploitation et de développement

d’Hibernia ltée a présenté « La modification du plan de développement Hibernia

[ »] (la « modification ») aux fins d’approbation par l’Office Canada-Terre-Neuve

des hydrocarbures extracôtiers.

19. L’Office a présenté son rapport, qui constitue son approbation

conditionnelle des propositions du promoteur, par la décision 97.01.

20. La plateforme Hibernia a commencé le forage de développement et la

production en 1997. La plateforme a été conçue pour un taux moyen de

production de pétrole brut sur un an de 110 000 barils de pétrole par jour, avec un

taux maximum de 150 000 barils par jour. En 2003, l’Office a autorisé la Société

d’exploitation et de développement d’Hibernia ltée à augmenter son taux de

production annuel à 220 000 barils par jour.

Les installations en surfacePage : 7

21. La plateforme Hibernia comprend des installations en surface qui peuvent

accueillir du matériel de forage et de production et de l’équipement de services

publics, ainsi que des quartiers d’habitation pouvant accueillir un équipage de

278 personnes en régime permanent. Les installations de surface se composent de

cinq supermodules :

a. M10 Processus : Le gaz et l’eau sont séparés du pétrole produit et

le gaz est ensuite comprimé pour être réinjecté dans le réservoir.

b. c. d. e. M20 Tête de puits : Les opérations de forage se déroulent à

l’intérieur du module de tête de puits, sur lequel deux tours de

forage mobiles sont montés. La plateforme Hibernia est conçue

pour forer deux puits à la fois.

M30 Boue : Les boues de forage sont pompées dans la tige de

forage et dans les trous du trépan pour refroidir celui-ci, empêcher

l’effondrement du trou et éloigner les déblais du fond du trou. Les

boues sont produites et conditionnées dans le module de boue.

M40 Services publics : Le module des services publics contient

divers équipements nécessaires à la production d’électricité, au

chauffage, à la ventilation, à la climatisation et à la distribution

d’eau.

M50 Hébergement : Le module d’hébergement abrite les salles à

manger et les dortoirs des personnes travaillant en mer, ainsi que

des bureaux et des salles de réunion. Le module d’hébergement

contient également le refuge sûr temporaire (RST) en cas

d’urgence. Le RST fournit l’alimentation électrique d’urgence, des

communications radio et des installations médicales. On y trouve

également le principal poste d’embarquement dans les engins de

sauvetage, l’hélipont et le système d’évacuation Skyscape de

Selantic.

La structure-poids

22. Les installations en surface sont soutenues par la structure-poids, un

piédestal massif en béton, qui repose sur le fond de l’océan et mesure 111 mètres

de haut.

23. La structure-poids est elle-même dotée d’une paroi de glace de 15 mètres

d’épaisseur spécialement conçue et renforcée qui protège les cellules de stockage

intérieures. La plateforme Hibernia peut résister à l’impact d’un iceberg dePage : 8

plusieurs millions de tonnes, bien que les icebergs de la région soient

généralement plus petits, allant de 50 000 à 300 000 tonnes.

Le système de chargement en mer

24. Le SCM consiste en un réseau de conduites1 (parfois appelées « conduites

d’écoulement », « pipelines » ou « conduites d’aspiration » dans certains

documents) qui déchargent le pétrole de la plateforme Hibernia vers de grands

pétroliers-navettes. Le système de chargement se compose de deux conduites

d’aspiration sous-marines, chacune s’étendant sur deux kilomètres, de la

plateforme aux bases de chargement nord et sud, respectivement. Un tube

ascenseur vertical à chaque base est ensuite relié à une bouée souterraine qui

soutient des tuyaux flexibles de chargement. À l’extrémité de chaque tuyau de

chargement se trouve une tête d’accouplement à fixer sur les pétroliers. Il y a

également une ligne d’interconnexion entre les deux bases.

25. Les conduites d’aspiration forment une boucle qui permet au pétrole brut

de s’écouler de la plateforme vers un pétrolier-navette relié à l’un ou l’autre SCM.

La boucle permet au système d’être rincé à l’eau de mer en raison d’un impact

éventuel avec un iceberg. De façon plus détaillée, le système de chargement en

mer comprend ce qui suit :

a. Conduite extracôtière principale nord et conduite extracôtière

principale sud : Les conduites sous-marines sortent du fond de la

structure-poids. Elles sont faites d’acier et soudées et se raccordent

aux bases des tubes ascenseurs du SCM, soit la base nord du SCM

et la base sud du SCM (collectivement, les « bases du SCM »). Ces

conduites sous-marines s’étendent chacune sur deux kilomètres et

ont un diamètre de 24 pouces. La disposition du SCM et des

conduites sous-marines est illustrée dans le diagramme annexé aux

présentes à la figure 1.

b. Conduite extracôtière d’interconnexion : Une conduite

d’interconnexion de 400 mètres se trouve entre les bases du SCM

qui peut être utilisée pour faire recirculer les conduites sous-

marines avec l’eau de mer en cas d’impact avec un iceberg. Un

impact avec un très gros iceberg peut présenter un risque de

dommages aux canalisations et, si les canalisations contenaient du

pétrole brut, cet impact pourrait créer un risque de fuite. Par

conséquent, dès qu’un iceberg se trouve à une certaine distance de

la plateforme, l’équipe d’opérations de la plateforme veillerait à

déplacer le pétrole brut dans les conduites sous-marines avec de

1 Les mots « conduites », « conduite » ou « conduite d’aspiration », tels qu’ils figurent dans l’énoncé conjoint partiel

des faits, ne constituent pas une admission que telle est la bonne terminologie en ce qui concerne le SCM, qui est

controversé entre les parties.Page : 9

c. l’eau de mer, ramenant ainsi le pétrole brut dans les cellules de

stockage de la structure-poids.

SCM : Le SCM est représenté dans les deux diagrammes annexés

aux présentes aux figures 2 et 3.

i. Base du SCM : La figure 2 est un dessin d’une base de

tube ascenseur, qui est une base en acier avec quatre cônes

de pieux. Les bases du SCM sont empilées dans le fond

marin par un long morceau de tuyau d’acier qui les

enferme. À une extrémité de la base du SCM se trouve

l’endroit où l’une des conduites d’aspiration se connecte et

à l’autre extrémité se trouve l’endroit où l’autre conduite,

par l’entremise de la conduite extracôtière

d’interconnexion, se connecte. Une vanne permet à la

plateforme Hibernia d’isoler un SCM des conduites

d’aspiration au besoin, pendant que l’autre SCM

fonctionne. Au milieu de la base du SCM se trouve la

partie mâle d’un raccord hydraulique qui verrouille la

partie inférieure du pied du tube ascenseur.

ii. Système de tubes ascenseurs du SCM : La figure 3

constitue un dessin du système de tubes ascenseurs du

SCM. Le système de tubes ascenseurs comporte un tuyau

flexible de 19 pouces de diamètre qui se raccorde au pied

du tube ascenseur et comprend l’assemblage comprenant

une tête d’injection sous-marine et un col de cygne qui

permet à la partie supérieure du système de tube ascenseur

de tourner sur 360 degrés autour de la partie verticale du

système de tube ascenseur. Une bouée souterraine

maintient la conduite flexible de 19 pouces à la verticale.

Le tube ascenseur caténaire, composé d’une partie

inférieure et d’une partie supérieure, y est fixé. Ces pièces

sont séparées par une tête d’injection en ligne qui permet

au tube ascenseur caténaire de pivoter sur lui-même

lorsque le pétrolier tourne autour par mauvais temps. À

l’extrémité du tube ascenseur caténaire se trouve une tête

d’accouplement.

iii. Dispositif de ramassage. La figure 4 ci-jointe présente le

tube ascenseur du SCM à l’état de fonctionnement et à

l’état de repos. Un pétrolier se connecte au SCM en

demandant à un navire de réserve de ramasser une

conduite flottante en nylon qui est fixée à un flotteur

souterrain. Le navire de réserve tire ensuite une conduite

jusqu’à l’avant du pétrolier. Le pétrolier prend cettePage : 10

conduite, l’accroche, puis la pose sur un treuil de traction

et tire le tube ascenseur caténaire vertical du fond de la

mer pour le placer sur un réceptacle à l’avant du pétrolier.

La tête d’accouplement se trouve à l’extrémité du tube

ascenseur caténaire. Pendant le chargement, la tête

d’accouplement du tube ascenseur du SCM est connectée

à l’attelage du pétrolier. La tête d’accouplement du tube

ascenseur du SCM intègre la vanne d’isolation principale

du système de tube ascenseur du SCM, qui est un type de

tige à ressort, à fermeture à sécurité intégrée. Elle est

ouverte par le pétrolier une fois qu’elle est solidement

raccordée. La plateforme Hibernia pompe ensuite le

pétrole brut des cellules de stockage jusqu’au pétrolier en

passant par la tête d’accouplement à un débit de 53 000 à

55 000 barils par heure.

26. La plateforme Hibernia et le pétrolier sont tous deux équipés pour un arrêt

d’urgence. En particulier, le pétrolier possède un système de contrôle qui

communique avec le système de contrôle de la plateforme Hibernia au moyen

d’une liaison de télémesure. La surveillance télémétrique des opérations entre le

pétrolier et la plateforme Hibernia est appelée la « ligne verte ». En cas de rupture

de la « ligne verte », le pompage et le transfert du pétrole brut s’arrêtent dans les

30 secondes : la vanne d’isolation du système de tube ascenseur du SCM sur la

tête d’accouplement se ferme à une certaine vitesse permettant au pétrole brut

dans la conduite de ralentir pour éviter que le SCM subisse un choc.

27. Les forces générées par le vent, le courant et l’action des vagues sur le

pétrolier sont contrecarrées par le système de positionnement dynamique installé

sur le pétrolier. Les propulseurs et les moteurs principaux du pétrolier-navette

maintiennent l’étrave dans le rayon d’action approuvé pour le SCM. Si un

problème se produit avec le système de positionnement du pétrolier, il y a un

risque que le pétrolier, en essayant de s’adapter aux conditions météorologiques,

démarre ou ajoute trop de puissance. Si l’étrave du pétrolier sort du rayon autorisé

en raison des forces du vent et des vagues, le pétrolier-navette arrête les pompes

de chargement du pétrole brut et si l’excursion est extrême, il fait tomber le tuyau

du système de chargement. Ceci protège le système et l’environnement. Les

pétroliers-navettes sont de gros navires et il faut du temps pour que leur position

change en fonction des propulseurs et du système de propulsion principal.

28. Il y a aussi le risque qu’un pétrolier perde de la puissance. Chaque

pétrolier est équipé d’un abri de remorquage d’urgence, comme l’exige

l’Organisation maritime internationale. Si le pétrolier perd de la puissance, son

équipage jette cet équipement de remorquage d’urgence à l’eau, où il est récupéré

par un navire de réserve. Le navire de réserve remorque alors le pétrolier hors de

la trajectoire de la plateforme. Ce processus prend du temps, au moins 30 minutes.Page : 11

c. 29. Dans l’un ou l’autre cas, lorsqu’un pétrolier s’éloigne ou perd de la

puissance, il y a un risque qu’il se dirige vers la plateforme Hibernia. Les

pétroliers sont de très grands navires mesurant 275 mètres de long sur 50 mètres

de large. Ils pèsent 155 000 tonnes de port en lourd et peuvent contenir

127 000 tonnes de port en lourd de pétrole brut. Ils sont beaucoup plus grands que

la plateforme Hibernia, dont le diamètre est de 102 mètres.

30. Si un pétrolier heurtait la plateforme Hibernia, il ne détruirait pas la

plateforme, qui est conçue pour contrer les impacts très importants des icebergs.

Au contraire, les risques sont les suivants :

a. le pétrolier serait endommagé et risquerait de prendre feu;

b. si le pétrolier avait du pétrole brut à bord, il y aurait un risque de

déversement d’hydrocarbures, ce qui constituerait un problème

environnemental majeur;

en raison de sa hauteur, le pétrolier pourrait heurter la surface des

postes d’embarquement dans les engins de sauvetage et d’autres

parties de la plateforme Hibernia qui surplombent la paroi

extérieure du SCM, ce qui pourrait endommager la plateforme et

provoquer un incendie ou une explosion sur celle-ci. La distance de

deux kilomètres entre les bases du SCM et la plateforme Hibernia

permet au pétrolier-navette et au navire de réserve de détourner le

pétrolier de la plateforme.

31. Pour tenir compte des conditions environnementales et pour des raisons de

sécurité, les pétroliers-navettes sont des navires à double coque renforcés de glace

et équipés de citernes à cargaison et de ballast séparés. Les pétroliers-citernes sont

équipés de deux hélices propulsées par des moteurs diesel distincts, de

deux gouvernails à haut rendement et de deux propulseurs d’étrave, afin d’assurer

une manœuvrabilité maximale et de minimiser la possibilité d’un déversement de

pétrole.

Le cheminement du pétrole brut du réservoir jusqu’au marché

32. Les puits de pétrole brut et de gaz naturel sont préparés en vue de la

production par un procédé appelé complétion de puits.

33. Les opérations de forage sur la plateforme Hibernia se déroulent à

l’intérieur du module de tête de puits, et les deux modules de forage sont situés

sur des pistes au-dessus du module de tête de puits. Pendant les opérations de

forage, un trépan fore le puits dans le fond de l’océan. La tige de forage et le

tubage passent à travers une fente, soit un trou dans la base de la plateforme, pour

se diriger vers la cible de forage située sous le fond marin.Page : 12

34. La pierre concassée produite par un trépan est appelée déblais de forage.

Les déblais de forage sont retirés du puits au moyen de la boue de forage, un

composé d’eau ou d’huile synthétique, d’argile et d’autres additifs chimiques qui

sont mélangés ensemble dans le module de boue. Les déblais de forage sont

éliminés soit par rejet dans l’océan, conformément aux directives réglementaires,

soit par réinjection dans le sol.

35. Une fois que le puits a atteint la profondeur et l’emplacement souhaités,

des tubes d’acier appelés « tubages de production » ou simplement « tubages »

sont introduits dans le puits et cimentés. Les tubages s’alignent sur toute la

longueur du puits de forage afin d’assurer un contrôle sécuritaire du pétrole brut

et du gaz naturel, d’empêcher l’eau de pénétrer dans le puits de forage et

d’empêcher les formations rocheuses de s’y engouffrer.

36. Une fois le ciment durci, la colonne de production peut être mise en place.

La colonne de production est descendue dans le tubage et suspendue à une

installation de fond marin appelée tête de puits. Un « arbre de Noël » est installé

sur le dessus de la tête de puits qui est doté de vannes et d’étrangleurs

télécommandés qui permettent à l’opérateur de production de régler le flux du

pétrole et du gaz naturel.

37. Le tubage de production est ensuite perforé pour permettre au pétrole brut

et au gaz naturel de s’écouler dans le puits. Pour ce faire, on place de minuscules

charges explosives dans les assemblages, qui sont ensuite abaissées dans le fond

du puits où on les fait exploser avant de remonter les assemblages à la surface.

Les charges font de petits trous dans le tubage, ce qui permet au pétrole, au gaz et

à l’eau de s’écouler dans le puits de forage.

38. Le puits est maintenant prêt pour la production.

39. La pression du réservoir pousse le fluide qui y est contenu dans le puits

jusqu’à la tête de puits située sur la plateforme Hibernia.

40. Le mélange composé de gaz, d’hydrocarbures et d’eau, parfois appelé

« fluide de puits », est amené en surface par la colonne de production dans l’arbre

de Noël qui contrôle la production du puits.

41. À l’extrémité de l’arbre de Noël se trouve un mélange des mêmes

éléments qui sont sortis du réservoir, c’est-à-dire un mélange de gaz,

d’hydrocarbures et d’eau produite. Le mélange entre ensuite dans la chaîne de

traitement.

42. Durant les premières étapes de la production, le fluide provenant des

réservoirs contient surtout du pétrole brut, et un peu de gaz naturel. Au fur et à

mesure que la production se poursuit et que le réservoir s’épuise, on récupère plus

de gaz et éventuellement de l’eau avec le pétrole.Page : 13

43. Le fluide du puits passe ensuite par les séparateurs. La séparation du gaz

naturel et de l’eau permet de transporter le pétrole brut en toute sécurité. Cela se

produit à l’intérieur du module de traitement de la plateforme Hibernia.

44. En particulier, les puits produisent un mélange de gaz, de pétrole et d’eau

à partir du réservoir. Les gaz produits comprennent le méthane, l’éthane, le

propane et le butane; ces gaz se vaporisent dans des conditions normales et

peuvent exploser dans certaines circonstances. Par conséquent, les gaz doivent

être éliminés pendant le processus de séparation. Les fluides du puits pénètrent

dans les séparateurs ce qui permet au gaz de remonter vers le haut et au pétrole

brut de flotter sur l’eau produite.

45. Les fluides du puits passent par trois séparateurs : d’abord un séparateur

de haute pression, puis un séparateur de moyenne pression, et enfin un séparateur

de basse pression.

46. Le traitement doit se faire par étapes parce que les pressions qui s’écoulent

vers la plateforme Hibernia sont très élevées. À chaque étape de séparation, le gaz

est retiré pour réduire la pression. L’eau est également évacuée par les séparateurs

de moyenne et de basse pression. Ce processus de séparation produit du « pétrole

brut stabilisé » qui peut être stocké dans les cellules de stockage. On obtient du

pétrole brut stabilisé lorsque la pression de vapeur du pétrole brut est inférieure à

la pression atmosphérique. Le processus de stabilisation empêche les gaz de

s’évaporer dans des conditions atmosphériques susceptibles de s’enflammer ou

d’exploser.

47. L’eau extraite du pétrole brut par les séparateurs est traitée de manière à

réduire la teneur en hydrocarbures résiduels à des niveaux inférieurs ou égaux à

ceux qui visent à protéger l’environnement, conformément à la réglementation

gouvernementale, avant d’être rejetée dans la mer. L’eau traitée fait l’objet d’une

surveillance régulière afin de s’assurer que le rejet est effectué conformément aux

exigences réglementaires.

48. Le gaz produit, à l’exception de celui qui est utilisé comme carburant sur

la plateforme, est également destiné à être injecté dans le réservoir pour

trois raisons :

a. b. c. Pour minimiser le brûlage à la torche, qui n’a lieu que pour des

raisons de sécurité;

Pour conserver le gaz en vue d’une extraction éventuelle à une date

ultérieure;

Fournir un maintien de la pression en vue d’augmenter les réserves

récupérables dans certaines zones du champ.Page : 14

49. Après les séparateurs, il reste un mélange de pétrole brut qui provient des

fluides de puits extraits du grès d’Hibernia et du grès d’Avalon. Comme les

composants des substances des deux réservoirs sont différents, le pétrole brut

produit et traité sur la plateforme Hibernia est appelé « mélange Hibernia ».

50. À la fin des trois séparateurs, le pétrole brut est stabilisé et est stocké dans

la structure-poids.

51. La structure-poids contient de l’espace de stockage pour environ

1,3 million de barils de pétrole, dans quatre groupes de cellules de stockage situés

dans la structure-poids.

52. Lorsqu’un pétrolier arrive, la plateforme Hibernia pompe le pétrole brut

des cellules de stockage dans les conduites d’aspiration sous-marines de

deux kilomètres jusqu’au pétrolier.

53. Le pétrole brut est la propriété conjointe des coentrepreneurs jusqu’à ce

qu’il atteigne la bride d’accouplement du SCM du pétrolier. Une fois que le

pétrole brut monte à bord du pétrolier, il devient la propriété de l’un des

coentrepreneurs.

54. La figure 5 ci-jointe illustre les opérations effectuées sur la

plateforme Hibernia et autour de celle-ci.

55. Un accord d’enlèvement entre les coentrepreneurs est conclu.

56. Le pétrole brut, y compris le « mélange Hibernia », ne peut être vendu

comme produit final, mais peut être vendu à un raffineur tiers sans autre

transformation. Le prix du pétrole brut est établi en fonction de la quantité

d’essence, de carburéacteur, de carburant diesel et de mazout de chauffage qui

peut en être tirée. Les composants du pétrole brut varient en fonction du réservoir

à partir duquel il est produit. Les raffineurs achètent souvent différents types de

pétrole brut afin de créer un mélange optimal de pétrole brut pour le type

d’équipement dont ils disposent dans leur raffinerie.

57. Un participant à la coentreprise Hibernia peut également vendre son

pétrole brut de la façon suivante :

a. Directement sur le marché : dans ce cas, le participant à la

coentreprise vend le pétrole brut à un tiers sans le stocker dans un

terminal de transbordement. Une fois vendu à un tiers, le pétrole

brut peut être acheminé directement à une raffinerie ou à un

entrepôt avant d’être raffiné.

b. Par un terminal de transbordement : le transbordement fait partie

d’un processus de transport en deux étapes mené par un participantPage : 15

à une coentreprise en vue du transport du pétrole brut vers le

marché. Le participant à la coentreprise prend le pétrole brut de la

plateforme et le stocke dans un lieu de stockage intermédiaire avant

de le vendre à une raffinerie. Il peut être transbordé n’importe où.

Le transbordement présente deux avantages : il réduit au minimum

le nombre de pétroliers-navettes complexes nécessaires pour retirer

le pétrole brut de la plateforme et permet au propriétaire du pétrole

brut d’utiliser un autre pétrolier pour vendre le pétrole brut à

l’acheteur le plus offrant.

58. Durant toute la période pertinente, la principale activité d’ExxonMobil

Canada Hibernia Company Ltd. était l’exploration et la production de pétrole, de

gaz naturel et d’autres hydrocarbures.

59. Au 31 décembre 2005, ExxonMobil Canada Hibernia Company Ltd. était

une filiale en propriété exclusive d’ExxonMobil Canada Resources Company

(« EMCRC »), qui était une filiale en propriété exclusive d’ExxonMobil Canada

Ltd. (« Exxon »).

60. ExxonMobil Canada Limited et ExxonMobil Canada Resources Company

sont des associés d’ExxonMobil Canada Properties, une société en nom collectif

créée en vertu des lois de l’Alberta.

61. ExxonMobil Canada Limited détient une participation de soixante pour

cent (60 %) dans ExxonMobil Canada Properties et ExxonMobil Canada

Resources Company détient une participation de quarante pour cent (40 %).

62. 31 décembre.

L’exercice financier d’ExxonMobil Canada Properties se termine le

63. ExxonMobil Canada Properties et ExxonMobil Canada Hibernia

Company Ltd. sont parties à un contrat communément appelé contrat de

coentreprise et connu sous le nom de Hibernia.

64. de 5 %.

La participation d’ExxonMobil Canada Properties et d’ExxonMobil

Canada Hibernia Company Ltd. dans Hibernia est respectivement de 28,125 % et

65. Le ministre a reclassifié le montant de 3 674 626 $ des revenus tirés de

ressources déclarés par ExxonMobil Canada Properties comme revenus non liés

aux ressources et a par conséquent établi une nouvelle cotisation pour l’année

d’imposition 2000 à l’égard d’ExxonMobil Canada Limited. De même, en

établissant une nouvelle cotisation pour l’année d’imposition 2005 à l’égard

d’ExxonMobil Canada Hibernia Company Ltd., le ministre a reclassifié 530 138 $

de ses revenus tirés de ressources comme revenus non liés aux ressources.Page : 16

66. Dans le rajustement préparé à l’appui de sa nouvelle cotisation, le ministre

a déclaré : [TRADUCTION] « Pour arriver à la valeur des revenus de production de

la structure-poids, il faut déduire les coûts du SCM. En utilisant une méthode

comptable qui comprend l’amortissement et le rendement du capital (semblable à

la méthode G3 utilisée pour estimer les bénéfices des usines à gaz), nous avons

calculé les coûts totaux pour le SCM. La part proportionnelle de ces coûts de la

société en nom collectif réduirait les bénéfices relatifs à des ressources. » Les

calculs, y compris la part proportionnelle de la société en nom collectif, ont été

présentés dans une feuille de calcul intitulée « Système de chargement en mer

(SCM) ».

67. Ni l’une ni l’autre des parties ne soutient que, si des montants autres que

les montants à zéro sont traités à juste titre comme des revenus non liés aux

ressources relativement au SCM, des montants différents de ceux à l’égard

desquels le ministre a établi une cotisation comme il est indiqué ci-dessus seraient

exacts.

68. Le champ Hibernia a une configuration complexe, et ses réservoirs sont

dotés d’une tuyauterie complexe.

69. L’analyse de la connectivité des réservoirs (« ACR ») constitue une

approche systématique et logique pour évaluer la façon dont un réservoir est

connecté.

70. Au cours de l’année d’imposition 2005, HMDC a poursuivi le

développement de l’ACR en intégrant un logiciel de visualisation 3D de pointe

utilisé pour prédire le type de fluide, la profondeur de contact du fluide et les

pressions du fluide dans le réservoir Hibernia. ExxonMobil Canada Hibernia

Company Ltd. a soutenu, aux fins de l’impôt sur le revenu, que les travaux

suivants pour l’ACR avaient permis de réaliser des progrès scientifiques et

technologiques, ce qui a été accepté par le ministre pour l’année

d’imposition 2005 :

i) ii) iii) iv) l’intégration des données aquifères à l’échelle du champ et à

l’échelle régionale;

l’étude du rôle des blocs structuraux intermédiaires dans la

séparation des fluides doubles;

la ségrégation par gravité du pétrole;

l’intégration de la prévision de l’ACR en tant que variable

explicative de premier ordre pour cibler les études portant

sur les indicateurs directs d’hydrocarbures;Page : 17

v) la visualisation à l’aide de modèles Petrel 3D pour évaluer

les connexions plausibles et les points de fuite et de

retournement.

71. HMDC a versé un total de 40 964 305 $ à Noble Drilling, ABB Vetco,

Swaco, Weatherford, Halliburton et Schlumberger pour le forage du puits B16-

54MM durant l’année d’imposition 2005. La quote-part d’ExxonMobil Canada

Hibernia Company Ltd. des coûts susmentionnés était de 2 048 215 $ pour

l’année d’imposition 2005.

72. Le ministre a rejeté la demande d’ExxonMobil Canada Hibernia Company

Ltd. pour des dépenses admissibles de RS & DE de 2 048 215 $, soit sa part du

coût total susmentionné du forage du puits Bl6-54MM pour l’année

d’imposition 2005.

73. ExxonMobil Canada Limited et ExxonMobil Canada Hibernia Company

Ltd. sont de grandes sociétés au sens de la Loi de l’impôt sur le revenu, L.R.C.

(1985), ch. 1 (5e suppl.) en sa version modifiée (la « Loi »).

74. Le ministre du Revenu national (le « ministre ») a établi une nouvelle

cotisation à l’égard d’ExxonMobil Canada Hibernia Company Ltd. par avis daté

du 4 mars 2010 pour l’année d’imposition se terminant le 31 décembre 2005.

75. ExxonMobil Canada Hibernia Company Ltd. a déposé un avis

d’opposition le 1er juin 2010 (l’« avis d’opposition »).

76. L’appel d’ExxonMobil Canada Hibernia Company Ltd. est interjeté aux

termes de l’article 169(1) de la Loi.

[10] Le pétrole brut stabilisé produit à Hibernia (ci-après, le « pétrole brut ») est

chargé à bord d’un des trois2 pétroliers-navettes utilisant le SCM. Les pétroliers-

navettes transportent le pétrole brut Hibernia soit directement sur le marché -

habituellement l’une des nombreuses raffineries du nord-est des États-Unis, soit

vers Whiffen Head. Le pétrole brut stocké à Whiffen Head est ensuite expédié aux

raffineries à bord de pétroliers standard. Le propriétaire de Whiffen Head

n’acquiert pas la propriété du pétrole brut stocké à l’installation.

[11] Le SCM a deux emplacements pour le chargement du pétrole brut sur les

pétroliers-citernes : l’un est appelé la base nord et l’autre la base sud. Les deux

bases sont situées chacune à environ deux kilomètres au sud-est de la plateforme

Hibernia et sont reliées à la structure-poids par une conduite de 24 pouces (appelée

2 Au départ, il y avait deux pétroliers-navettes. Le troisième pétrolier navette a été ajouté en 2001 ou 2002.

Lignes 19 à 24 de la page 136 du volume 1 de la transcription des appels des appelantes entendus dans la ville de

Calgary du 14 au 29 janvier 2019 (la « transcription »).Page : 18

« conduite d’aspiration » par M. Henley) (figure 1 de l’ECPF). On a choisi

deux kilomètres parce que c’était la distance minimale qui répondait à toutes les

préoccupations en matière de sécurité et de protection de l’environnement3. Les

courants dominants et les conditions météorologiques ont dicté la direction à suivre

- si un pétrolier-navette perd de la puissance, il est plus susceptible de s’éloigner de

la plateforme.

[12] Chaque base du SCM est reliée à l’autre base du SCM par le pipeline

extracôtier d’interconnexion (« PEI »). Un tube ascenseur soutenu en partie par une

bouée souterraine relie chaque base du SCM à une tête d’accouplement qui se fixe

au pétrolier-navette. Lorsqu’elle n’est pas utilisée, une partie du tube ascenseur et

de la tête d’accouplement repose sur le fond marin. Les composantes détaillées des

SCM sont illustrées aux figures 2, 3 et 4 de l’ECPF.

[13] Lorsque le SCM est utilisé, le pétrole brut s’écoule des cellules de stockage

de la structure-poids à travers les conduites d’aspiration vers chaque base du SCM.

Le pétrole brut qui arrive à la base et qui n’est pas utilisé pour charger le pétrolier-

navette s’écoule ensuite de cette base vers l’autre base par le PEI. Le système est

conçu de manière à ce qu’en cas de menace pour les conduites d’aspiration, par

exemple dans le cas où des icebergs grattent le fond marin, l’eau puisse être

évacuée à travers le système permettant ainsi de retourner le pétrole brut dans les

cellules de stockage afin qu’une rupture des conduites d’aspiration ne résulte en un

déversement d’hydrocarbures. Les conduites d’aspiration sont toujours remplies

d’eau ou de pétrole pour s’assurer que la pression dans ces conduites est similaire à

la pression à l’extérieur des conduites.

[14] Le pétrole brut stocké dans les cellules de stockage de la structure-poids

appartient conjointement aux propriétaires de la coentreprise Hibernia jusqu’à ce

qu’il atteigne un pétrolier-navette. À ce moment-là, le pétrole brut devient la

propriété de l’un des propriétaires de la coentreprise (ou de sa société affiliée

désignée) conformément à l’accord d’enlèvement et de transport du SCM Hibernia

conclu le 1er novembre 1997 (onglet 61 du RCD). Un connaissement est émis pour

refléter le transfert de propriété.

[15] Le propriétaire du pétrole brut le vend ensuite à une raffinerie qui le

transforme en essence, en carburéacteur, en diesel et en mazout de chauffage. Le

prix du pétrole brut acheté par la raffinerie est établi de manière à refléter la

quantité de ces composantes qui y sont contenues. L’utilisation du SCM pour le

3 Lignes 12 à 18 de la page 120 du volume 1 de la transcription.Page : 19

chargement des pétroliers-navettes n’ajoute pas de valeur au pétrole brut.

Toutefois, le SCM permet aux propriétaires de coentreprises de réaliser la valeur

de ce pétrole brut en le transportant sur le marché (c.-à-d. aux raffineries qui

peuvent le transformer)4

.

[16] La capacité de stockage des cellules de stockage de la structure-poids

(1,3 million de barils de pétrole brut) et la capacité de chaque pétrolier-navette

(850 000 barils de pétrole brut) signifient qu’un pétrolier-navette doit être chargé

tous les cinq et demi à six jours. Si le pétrole brut stocké dans les cellules de

stockage dépassait un million de barils, la production devrait être réduite, ce qui

résulterait en une perte de revenus calculée sur la valeur actualisée nette.

[17] Dans le secteur en amont, Exxon Mobil se divise en quatre groupes de

sociétés : des sociétés d’exploration qui font de l’exploration pétrolière et gazière,

des sociétés de mise en valeur qui développent des actifs pétroliers et gaziers, des

sociétés de production qui produisent du pétrole et du gaz ainsi qu’une société de

recherche. La société de recherche, ExxonMobil Upstream Research Company,

effectue des recherches fondamentales et appliquées à l’appui des activités des

trois autres sociétés pour leur donner un avantage concurrentiel.

[18] Les sociétés pétrolières utilisent diverses techniques pour déterminer

l’existence, l’emplacement et l’étendue du pétrole dans une région donnée. Une

fois qu’un réservoir de pétrole est désigné, le processus que les sociétés pétrolières

suivent pour développer le réservoir est connu sous le nom de gestion du réservoir.

La première étape de la gestion du réservoir consiste à caractériser le réservoir,

dans le but d’élaborer un modèle de réservoir. L’analyse de la connectivité des

réservoirs fait elle-même partie de la caractérisation des réservoirs dans la mesure

où elle contribue à la construction du modèle de réservoir. Le

professeur Gringarten opine que toutes les sociétés pétrolières ont recours à une

certaine forme de gestion du réservoir5

.

[19] Les densités relatives du gaz naturel, de l’huile et de l’eau sont telles que

lorsque ces trois éléments sont présents dans un réservoir de pétrole, le gaz est

situé sur le dessus du pétrole, le pétrole est situé sous le gaz et sur l’eau et l’eau est

située sous le pétrole. On appelle contact huile-eau ou CHE l’endroit où l’huile

entre en contact avec l’eau.

4 Lignes 27 et 28 de la page 119 et lignes 1 à 7 de la page 120 du volume 1 de la transcription.

5 Avis d’expert d’Alain C. Gringarten daté du 8 octobre 2018 (le « rapport Gringarten »), à la page 15 du volume 1.Page : 20

[20] Si la pression à des profondeurs particulières de l’huile et de l’eau est

connue, le contact huile-eau peut être déterminé à l’aide d’un graphique qui trace

les pressions d’huile et d’eau connues et extrapolées en fonction de la profondeur.

Le point d’intersection des lignes résultantes sur le graphique est le contact huile-

eau. Si la pression à des profondeurs particulières de l’huile et de l’eau peut être

prédite avec précision, alors le contact huile-eau peut l’être tout autant.

[21] Un puits producteur de pétrole est foré au sommet du niveau d’huile, un

puits d’injection d’eau est foré au sommet du niveau d’eau et un puits d’injection

de gaz est foré au sommet du niveau de gaz.

[22] Le champ pétrolifère Hibernia est divisé en « blocs » qui sont désignés par

des lettres ou par des lettres et des chiffres. Normalement, un bloc est une zone

d’un champ pétrolifère délimitée par des failles et nécessite la présence de puits de

production et d’injection distincts pour extraire le pétrole de ce bloc6. Une

représentation graphique des blocs du champ pétrolifère Hibernia se trouve à la

page 11 de l’onglet 5B du RCD7

.

[23] D’un point de vue géologique, le prolongement sud du champ pétrolifère

Hibernia comprend les blocs DD, Z, AA1, AA2, AA2, GG1, GG2, KK, LL, MM et

NN8. À la fin de 2005, seuls les blocs DD et Z avaient fait l’objet d’un forage de

puits9

.

[24] La pression de l’eau ou de l’huile dans un bloc peut être ou ne pas être la

même que celle de l’eau ou de l’huile dans un bloc adjacent. Si le fluide dans un

bloc « communique » avec le même fluide dans un bloc adjacent, la pression de ce

fluide dans chaque bloc est équilibrée. La communication est le processus par

lequel un fluide se déplace d’un bloc à l’autre. Le mouvement peut être minime et

s’étaler sur des centaines de milliers d’années (les grandes échelles de temps sont

appelées temps géologiques)10

.

[25] Avant 2005, la décision a été prise de mettre en valeur le bloc DD du champ

pétrolifère Hibernia, et deux puits d’exploitation ont été forés dans ce bloc, un

puits producteur de pétrole et un puits d’injection d’eau. Le puits du producteur de

pétrole a d’abord été foré et a montré une pression d’huile plus élevée que ce à

6 Lignes 23 à 28 de la page 180 et lignes 1 à 3 de la page 181 du volume 1 de la transcription.

7 De nombreux diagrammes montrant les blocs figurent à l’onglet 5B et ailleurs dans le RCD.

8 Lignes 3 à 11 de la page 49 du volume 2 de la transcription.

9 Lignes 12 à 27 de la page 49 du volume 2 de la transcription.

10 Voir, de façon générale, la section 2 du rapport d’expert de Lee H. Fairchild daté du 19 octobre 2018 (le « rapport

Fairchild ») commençant à la page 4, et les pages 20 à 24 du rapport Gringarten.Page : 21

quoi on aurait pu s’attendre avec les données existantes et les techniques

d’interprétation traditionnelles. Au début de 2005, le puits d’injection d’eau (B16-

50) a été foré jusqu’à 4 330 mètres sous le fond marin, où l’on s’attendait à trouver

de l’eau à la lumière des données de pression existantes et des techniques

d’interprétation traditionnelles. Cependant, le puits d’injection d’eau ne montrait

que du pétrole recouvrant un rocher à cette profondeur (c.-à-d. qu’il y avait du

pétrole jusqu’à au moins 4 330 mètres sous le fond marin)11

.

[26] Les travaux sur l’ACR en cause dans les présents appels ont commencé par

une réunion d’une semaine convoquée par M. Vrolijk au début de janvier 2005, qui

a défini la portée du projet et prédit un résultat pour le puits B16-50, qui était alors

en forage. Une deuxième réunion d’une semaine s’est tenue en février, au cours de

laquelle les résultats du puits B16-50 étaient disponibles. Les résultats ont

confirmé les prévisions qui avaient été faites lors de la réunion de janvier. Cela a

conduit à l’étude détaillée d’une nouvelle théorie de modélisation de l’ACR12. Les

éléments de l’enquête sont décrits en termes généraux au paragraphe 70 de l’ECPF.

[27] EMCHCL a demandé sa part des dépenses engagées dans le cadre de

l’enquête sur l’ACR à titre de dépenses de RS & DE et le ministre a approuvé ces

dépenses à ce titre. L’approche nouvelle/améliorée de l’ACR prévoyait que le

contact huile-eau dans les blocs situés dans le prolongement sud du champ

pétrolifère Hibernia (le « prolongement sud d’Hibernia ») pourrait se produire

jusqu’à 4 800 mètres de profondeur, d’après une pression d’huile commune prévue

entre les blocs DD, Z, AA1, AA2, GG1, GG2, KK, LL, MM et NN13 et un aquifère

quasi hydrostatique commun14. Avant les prévisions de l’ACR en 2005, personne

n’avait prévu la présence importante de pétrole dans le prolongement sud

d’Hibernia en dessous du contact huile-eau à 4 000 mètres prévu précédemment15

.

11 Lignes 9 à 28 de la page 15, lignes 1 à 12 et 26 à 28 de la page 16, lignes 1 à 12 de la page 17 et lignes 13 à 22 de

la page 96 du volume 2, et lignes 27 et 28 de la page 74 et lignes 1 à 9 de la page 75 du volume 5 de la transcription.

Les données du puits ont été obtenues en février 2005 : lignes 14 à 19 de la page 46, lignes 6 à 14 de la page 73,

lignes 12 à 28 de la page 74 et lignes 1 à 9 de la page 75 du volume 5 de la transcription.

12 Lignes 18 à 28 de la page 29, lignes 1 à 4 de la page 30, ligne 28 de la page 63 et lignes 1 à 12 de la page 64 du

volume 2 et lignes 4 à 28 de la page 42, pages 43 et 44, lignes 1 à 4 de la page 45, lignes 14 à 19 de la page 46,

lignes 6 à 26 de la page 73 et lignes 5 à 18 de la page 74 du volume 5 de la transcription et onglet 49 du RCD.

13 Onglet 42 du RCD aux diapositives 6 et 13 et aux lignes 8 à 18 de la page 46 du volume 2, aux lignes 24 à 28 de

la page 79, page 80 et aux lignes 1 à 25 de la page 81 du volume 5 de la transcription. La pression d’huile dans le

bloc DD a été déterminée par le puits producteur de pétrole dans ce bloc. De plus, au 16 juin 2005, il n’y avait qu’un

seul puits producteur dans le bloc Z : lignes 24 à 28 de la page 52, lignes 1 à 3 de la page 53, lignes 27 à 28 de la

page 70, lignes 1 à 7 de la page 71, lignes 23 à 28 de la page 96 et lignes 1 à 25 de la page 97 du volume 2 de la

transcription, les diapositives 6 et 13 de l’onglet 42 du RCD et les diapositives 4, 5 et 6 de l’onglet 5A du RCD.

14 La pression de l’eau est hydrostatique si, au point de mesure, elle reflète le poids de l’eau au-dessus de ce point.

15 Lignes 2 à 12 de la page 189 du volume 2 et lignes 11 à 15 de la page 122 du volume 5 de la transcription.Page : 22

[28] L’emplacement du puits B16-54 a été choisi parce qu’il nécessitait le moins

de forage (c’est-à-dire la plus courte longueur de puits) pour obtenir les données

recherchées16. Pour obtenir la permission de forer le puits B16-54 ainsi que

l’autorisation de financement, une présentation a été préparée à l’intention de la

direction17. La diapositive 2 de la présentation, intitulée « Sommaire pour la

direction », indique ce qui suit :

CHAMP D’APPLICATION

- Forer et abandonner un puits sauvage en champ proche de 8 175 m (27 000 pi)

de PM dans le bloc MM d’Hibernia pour un coût total de 43,1 M$ CA

(autorisation de dépenser) [ADD].

- Le puits sauvage en champ proche MM1 sera immédiatement dévié vers

l’emplacement OPGG1. Le développement du bloc GG1 fait l’objet d’une

décision en matière de financement distincte.

- La date prévue pour le lancement du puits sauvage en champ proche MM1 est

juillet 2005 à partir de l’installation de forage est.

OBJECTIFS PRINCIPAUX

- Définir le contact huile-eau dans le prolongement sud d’Hibernia en pénétrant

les cibles du réservoir principal des couches 2 et 3 entre 4 500 et 4 800 m

(14 764-15 748 pi) de profondeur verticale réelle [PVR]; tester le contact le

plus profondément possible.

- Écarter les risques associés à la suffisance des volumes pour déterminer la

viabilité économique de la modernisation des installations de la plateforme ou

d’un projet d’injection d’eau sous-marine de 11 puits.

- Obtenir des carottes et des échantillonneurs de fluides pour caractériser les

propriétés des réservoirs en profondeur afin d’optimiser les développements

futurs.

MESURES INCITATIVES

16 Lignes 9 à 28 de la page 56, pages 57 à 59, lignes 1 à 26 de la page 60 et lignes 14 à 24 de la page 138 du

volume 2 et lignes 12 à 28 de la page 119 et lignes 1 à 12 de la page 120 du volume 5 de la transcription et

diapositive 14 de l’onglet 41 du RCD. Le document à l’onglet 41 a été préparé pour l’Agence et est daté du

18 mars 2010.

17 Onglet 42 du RCD.Page : 23

- La capture d’huile de stockage en place (STOOIP) du puits sauvage en champ

proche MM1 avec accroissement du risque est de 170 Mb dans un maximum

de 6 blocs faillés.

- Le coût unitaire de mise en valeur avec risque du développement du

prolongement sud d’Hibernia est de 4 à 5 milliards de dollars canadiens.

- Respecte l’engagement de la licence d’exploration 1093 de 8 millions de

dollars canadiens.

QUESTIONS

- La profondeur du contact huile-eau du prolongement sud d’Hibernia est

actuellement inconnue, mais le puits sauvage en champ proche du bloc MM1

testera un intervalle de PVR de 4 500 à 4 800 m (de 14 764 à 15 748 pi).

L’ACR et les données tirées du puits sauvage en champ proche du bloc MM

écartent explicitement le risque associé au prolongement sud d’Hibernia.

- L’ampleur de la dégradation de la qualité potentielle du réservoir

(perméabilité et porosité) en fonction de la profondeur sera mieux comprise

par l’acquisition de billes et de carottes.

[29] Chevron, l’un des propriétaires d’Hibernia, a soulevé des préoccupations

concernant le forage du puits B16-54. Ces préoccupations ont été discutées dans un

courriel daté du 28 juin 2005, adressé à Paul Gremell de Chevron par

Mark P. Evans, gestionnaire du réservoir pour Hibernia. Ce courriel faisait suite à

un courriel antérieur de M. Gremell à M. Eastwood et à Mark P. Evans, dont une

copie a été envoyée à M. Eastwood, qui a déclaré qu’il avait contribué à la création

du courriel18

.

[30] En réponse à la préoccupation de M. Gremell selon laquelle le puits B16-54

n’était pas le premier puits optimal dans le prolongement sud d’Hibernia,

Mark Evans affirme ce qui suit :

[TRADUCTION]

Le puits sauvage en champ proche MM est positionné de manière à éliminer les

risques de contact huile-eau pour tous les blocs faillés du prolongement sud

d’Hibernia (à l’exclusion du bloc EE). Notre analyse a mis à profit non seulement

l’expertise interne de HMDC, mais aussi celle d’ExxonMobil Upstream Research,

et a été examinée par ExxonMobil Production Company et ExxonMobil

Development Company. Le puits a été conçu pour échantillonner explicitement

l’aquifère régional, en forant jusqu’à des PVR de 4 800 m. En pénétrant le

18 Lignes 18 à 28 de la page 148 et lignes 1 à 7 de la page 149 du volume 2 de la transcription. La chaîne de

courriels se trouve à l’onglet 47 du RCD.Page : 24

sommet de la couche 2 d’Hibernia à des PVR de 4 500 m, on maximisera la

probabilité de rencontrer explicitement le contact huile-eau du prolongement sud

d’Hibernia. Notre interprétation fondée sur la juxtaposition des couches 2/3

d’Hibernia (en s’appuyant sur la nouvelle migration profondeur avant sommation

anisotrope (APSDM)) est qu’un aquifère continu est partagé par tous les blocs du

prolongement sud d’Hibernia. De plus, nous interprétons une seule colonne

d’huile continue à l’échelle du prolongement sud d’Hibernia (à l’exception du

bloc EE). Nous considérons qu’il s’agit d’un investissement stratégique qui

permettra de prendre des décisions à court terme en temps opportun et avec un

meilleur ensemble de renseignements. De plus, nous considérons ces coûts

comme un investissement global permettant d’optimiser le développement du

prolongement sud d’Hibernia. Nous convenons que le volume de pétrole dans le

bloc MM peut être potentiellement faible par rapport à d’autres blocs, mais cela

aussi sera déterminé à partir du puits sauvage en champ proche. Il convient de

noter que le puits sauvage en champ proche du bloc MM aura une incidence

importante sur la détermination des réserves probables (~500 MBO d’huile de

stockage en place) pour la base de ressources d’Hibernia, et la voie d’évitement

subséquente vers l’emplacement OPGG1 servira de base aux réserves prouvées

(selon les directives de la SEC). Par conséquent, on ne saurait sous-estimer

l’importance stratégique de la définition de la base de ressources et de ses

incidences sur les options de développement19

.

[Non souligné dans l’original.]

[31] En réponse à la préoccupation de M. Gremell selon laquelle il n’y avait

aucun avantage économique à accélérer d’un an la délimitation du prolongement

sud d’Hibernia, Mark Evans déclare, en partie, ce qui suit :

[TRADUCTION]

Le puits sauvage en champ proche du bloc MM offre à la fois des mesures

incitatives économiques à court terme et une valeur stratégique. La valeur

stratégique du puits sauvage en champ proche du bloc MM est essentielle,

notamment parce qu’elle nous permet d’optimiser et d’accélérer la planification

du développement du prolongement sud d’Hibernia et l’engagement de la

LE 1093. Notre évaluation initiale a révélé que l’injection d’eau sous-marine était

potentiellement économique selon des hypothèses optimistes. La réduction des

risques associés au contact huile-eau d’ici la fin de l’année 2005 est nécessaire

pour préserver cette option. L’aspect économique du dégoulottage de la

plateforme, selon un scénario de réussite risquée, montre à la fois un bénéfice

d’accélération par des augmentations à court terme des taux de pétrole d’environ

20 000 barils de pétrole par jour et des réserves de capture dues à la vaporisation

de pétrole supplémentaire dans le cycle du gaz. Cette analyse est en voie d’être

finalisée dans le cadre de notre processus de planification des activités liées aux

19 Page no 4 de l’onglet 47 du RCD. Noter qu’il s’agit en fait de la première page de l’onglet 47.Page : 25

actifs, mais il est clair que la pleine compréhension de l’étendue du potentiel

des réserves du prolongement sud d’Hibernia permet de prendre des

décisions opportunes pour optimiser la mise en valeur.

[. . .]

En ce qui concerne les autres options liées aux puits de forage, nous considérons

le forage OPGG1 comme le prochain puits présentant une option sûre du point de

vue du contact avec le pétrole, mais il ne fournit aucun renseignement

supplémentaire important concernant les ressources du prolongement

sud d’Hibernia. Il faudrait que le puits attende son injecteur d’eau complémentaire

dont le calendrier ne peut être accéléré davantage en raison de sa complexité (plus

de 9 mois pour les articles longs en plomb, ~9 km de PM et 4,7 km de PVR, et

57 M$ CA). L’emplacement optimal de l’injecteur d’eau du bloc GG dépend

également des connaissances en matière de contact huile-eau acquises par rapport

au puits sauvage en champ proche du bloc MM. Nous avons travaillé récemment

sur le calendrier de forage pour nous permettre de maintenir des volumes de

production essentiellement stables à très court terme (à l’exclusion des temps

d’arrêt) tout en faisant progresser de façon dynamique le développement du

prolongement sud d’Hibernia20

.

[Non souligné dans l’original.]

[32] Le document intitulé « Autorisation de dépenser » (ADD) daté du

27 juin 2005 a approuvé la dépense de 43 090 000 $ pour le forage du puits B16-54

qui ne comprend pas la voie d’évitement proposée21. Ce qui suit est indiqué sous la

rubrique DESCRIPTION DE L’ADD :

[TRADUCTION]

Le puits NFWMM1 cible le réservoir Hibernia dans l’engagement 1093 du PE.

Une fois le forage et l’évaluation terminés, le puits de forage du bloc MM sera

abandonné et le puits sera dévié.22

[33] Le PE 1093 était un permis d’exploration délivré par l’Office Canada-Terre-

Neuve des hydrocarbures extracôtiers (l’« OCTHE ») qui entrait en vigueur le

15 janvier 200523. M. Eastwood a témoigné que le permis était garanti par les

propriétaires d’Hibernia (désignés collectivement dans le permis comme le

« titulaire » et individuellement comme les « indivisaires ») parce que, dans le

meilleur des cas, une partie du pétrole dans le prolongement sud d’Hibernia

20 Pages 5 et 6 de l’onglet 47 du RCD.

21 Page 1 de l’onglet 7 du RCD.

22 Onglet 7 du RCD.

23 Onglet 10 du RCD.Page : 26

pourrait autrement se trouver sur des terres appartenant toujours à la Couronne

24

.

La décision d’acquérir le PE 1093 doit avoir été prise en 2004 avant le début de

l’ACR de 2005 puisque le permis est daté du 15 janvier 2005 et que son acquisition

a nécessité un processus de soumission25

.

[34] Les articles 4 et 5 du PE 1093 énoncent ce qui suit :

[TRADUCTION]

4. EXIGENCES DE LA LICENCE

Une condition préalable au début de la période II de la durée de la licence est que

les exigences de la licence décrites à l’article 3 de l’annexe III soient satisfaites

dans le délai qui y est précisé. Si cette condition préalable n’est pas respectée, les

terres, autres que les terres converties en une attestation de découverte importante

ou en une licence de production importante, seront restituées à la Couronne sans

autre avis à la fin de la période I de la durée de la licence.

5. DÉPÔTS

[35] 1. Le titulaire doit faire le ou les dépôts exigés aux termes des

présentes, selon la forme que l’Office juge satisfaisante, et selon le

montant, le cas échéant, prévu à l’annexe III.

2. Lorsqu’un dépôt a été effectué par les indivisaires et que l’Office a

déterminé que les exigences et les obligations pour lesquelles le

dépôt a été effectué ont été respectées, l’Office ordonne que le

dépôt soit remboursé.

L’annexe III de la LE 1093 stipule, en partie, ce qui suit :

1. DURÉE

a) La date d’entrée en vigueur de la présente licence est le 15 janvier 2005. La

présente licence est d’une durée de neuf (9) ans et se compose de deux périodes

appelées période I et période II. La période I commence à la date d’entrée en

vigueur. La période II suit immédiatement la période I.

La période I est une période de cinq (5) ans commençant à la date d’entrée

en vigueur de la présente licence, de la manière indiquée ci-dessous. Cette

24 Lignes 23 à 28 de la page 154 et lignes 1 à 9 de la page 155 du volume 2 de la transcription.

25 Lignes 8 à 14 de la page 156 du volume 2 de la transcription.Page : 27

b) c) d) e) f) période peut être prolongée d’un an si un dépôt de forage est remis avant

la fin de la cinquième année.

La période II suit immédiatement la période I et comprend le reste de la

durée de la présente licence.

Afin de valider la présente licence pour la période II, le forage d’un puits

doit être entrepris au cours de la période I et poursuivi avec diligence

jusqu’à sa résiliation, conformément aux bonnes pratiques de l’industrie

pétrolière. Si cette exigence n’est pas respectée, la licence sera résiliée à la

fin de la première période.

Le puits de validation doit tester adéquatement une cible géologique valide

qui doit être déclarée à l’Office par le titulaire avant le début du forage.

À l’expiration de la période II, la présente licence prendra fin et toutes les

terres seront restituées à la Couronne, sauf celles qui ont été converties en

une attestation de découverte importante ou en une licence de production.

Si le forage d’un puits a été entrepris avant l’expiration de la présente

licence, la présente licence demeurera en vigueur pendant que le forage de

ce puits se poursuit avec diligence et aussi longtemps qu’il sera nécessaire

pour déterminer l’existence d’une découverte importante d’après les

résultats du forage de ce puits.

[. . .]

3. EXIGENCES DE LA LICENCE

Le titulaire doit, avant la fin de la période I de la durée de la licence, avoir foré un

ou plusieurs puits sur les terres et les avoir exploités avec diligence,

conformément aux bonnes pratiques de l’industrie pétrolière.

[36] L’article 4 de l’annexe III exigeait que les indivisaires fournissent un dépôt

de garantie de 2 031 375 $ avant l’émission de la LE 1093. Les indivisaires ont

reçu un crédit sur le dépôt de 25 % des dépenses admissibles. Selon l’article 6 de

l’annexe III, les dépenses admissibles pour une année sont les dépenses totales

pour cette année selon des taux stipulés qui comprennent un montant de 600 000 $

par jour pour le forage de puits.

[37] M. Eastwood a témoigné que le puits B16-54 n’avait pas été foré pour

satisfaire aux exigences de la LE 1093. Il a déclaré qu’on s’attendait à ce que lePage : 28

puits B16-54 coûte 43 millions de dollars, mais que la responsabilité aux termes de

la LE 1093 ne représentait que le montant du dépôt26

.

[38] Le forage du puits B16-54 a débuté le 1er août 2005. Le puits a été foré

jusqu’à une profondeur verticale de 4 600 mètres, puis le trépan de forage s’est

« détaché » du fond du puits et a disparu27. Cela a empêché de poursuivre le forage

du puits prévu à l’origine. En février 2006, une ADD supplémentaire a été

demandée pour financer un projet de déviation par rapport à l’objectif initial du

puits B16-5428

.

[39] Au total, trois tentatives de déviation ont été faites, mais seule la troisième,

qui a foré directement à partir de l’emplacement de la dérivation, a obtenu un

certain succès, en ce sens qu’elle a permis d’obtenir une mesure de pression et

certains matériaux du noyau29. Ces renseignements étaient toutefois suffisants pour

établir que du pétrole était présent à cette profondeur et que la pression d’huile

dans le bloc MM correspondait à la pression d’huile dans les blocs DD et Z30

.

[40] M. Eastwood a témoigné que le puits B16-54 a été foré pour tester les

prévisions de contact huile-eau faites par la nouvelle ACR et pour valider le

modèle d’ACR31. M. Vrolijk a déclaré que le puits B16-54 a fourni une validation

expérimentale considérable de la méthode de l’ACR32

.

III. Analyse

A. La question de la déduction relative à des ressources

[41] Dans le jugement Cameco Corporation c. La Reine, 2018 CCI 195

(« Cameco »), j’ai résumé le régime de déduction relative aux ressources

désormais abrogé de la façon suivante :

26 Ligne 28 de la page 158 et lignes 1 à 9 de la page 159 du volume 2 de la transcription.

27 Lignes 15 à 28 de la page 168 et lignes 1 à 8 de la page 169 du volume 2 de la transcription. Le calendrier relatif

au forage des puits publié par l’OCTHE indique que le puits B16-54 a été foré le 1er août 2005 et s’est terminé le

15 février 2006 et que la profondeur verticale réelle du puits était de 4 672,45 mètres (page 1 de l’onglet 9 du RCD).

28 Lignes 9 à 28 de la page 169 et ligne 1 de la page 170 du volume 2 de la transcription et page 5 de l’onglet 7 du

RCD.

29 Lignes 10 à 24 de la page 173 du volume 2 de la transcription.

30 Lignes 2 à 6 de la page 174 du volume 2 de la transcription.

31 Lignes 9 à 20 de la page 56, lignes 21 à 28 de la page 57, lignes 1 à 6 de la page 58 et lignes 19 à 23 de la

page 179 du volume 2 de la transcription.

32 Lignes 17 à 20 de la page 121 du volume 5 de la transcription.Page : 29

[858] Pour les années d’imposition se terminant avant 2007, la LIR permettait

généralement aux contribuables de demander une déduction relative à des

ressources à l’égard du revenu tiré de certaines activités de production et de

transformation de ressources naturelles. Plus précisément, l’ancien

alinéa 20(1)v.1) prévoyait que, dans le calcul du revenu d’un contribuable

provenant d’une entreprise ou d’un bien pour une année d’imposition donnée, il

était possible de déduire le montant permis par règlement relativement,

notamment, aux ressources minérales au Canada. Parallèlement, l’alinéa 18(1)m)

interdisait la déduction des redevances, impôts et autres sommes payés à un

gouvernement fédéral ou provincial, à un mandataire ou à une entité du Canada

relativement à l’acquisition, à l’aménagement ou à la propriété d’un avoir minier

canadien, ou à la production au Canada, entre autres, de métaux, de minéraux ou

de charbon à partir de ressources minérales situées au Canada (jusqu’à un stade

qui ne dépasse pas celui du métal primaire ou son équivalent).

[859] Le règlement mentionné à l’alinéa 20(1)v.1) se trouve à la partie XII du

RIR. La déduction relative à des ressources est calculée selon un processus en

plusieurs étapes : premièrement, il faut calculer les « bénéfices bruts relatifs à des

ressources » aux termes du paragraphe 1204(1) du RIR; deuxièmement, il faut

calculer les « bénéfices relatifs à des ressources » conformément au

paragraphe 1204(1.1) du RIR; troisièmement, il faut calculer les « bénéfices

modifiés relatifs à des ressources » aux termes du paragraphe 1210(2) du RIR;

enfin, il faut calculer la déduction relative à des ressources en multipliant par

25 % les bénéfices modifiés relatifs à des ressources du contribuable,

conformément au paragraphe 1210(1) du RIR.

[860] Pour les années postérieures à 2002 et antérieures à 2007,

l’alinéa 20(1)v.1) permettait une déduction égale à un pourcentage de la déduction

relative à des ressources calculée conformément au paragraphe 1210(1) du RIR.

La déduction relative à des ressources a été éliminée pour les années postérieures

à 2006.

[42] L’intimée soutient qu’une partie du revenu de l’appelante provenant de la

vente du pétrole du champ Hibernia n’est pas admissible à la déduction relative

aux ressources. Le calcul par l’intimée de la partie controversée est fondé sur les

coûts du SCM33. Je note qu’aux fins de la présente analyse, le terme « SCM »

désigne non seulement le système de chargement lui-même, mais aussi les

conduites qui relient le SCM à la structure-poids. L’ensemble du système est

représenté graphiquement aux figures 1 à 5 de l’ECPF.

[43] Le paragraphe 1204(1) du RIR définit les « bénéfices bruts relatifs à des

ressources ». Les éléments de cette définition pertinents à la présente analyse se

33 Paragraphe 66 de l’ECPF.Page : 30

trouvent aux sous-alinéas 1204(1)b)(i), (v) et (vi), qui comprennent les « bénéfices

bruts relatifs à des ressources » :

b) du montant, s’il en est, de l’ensemble de ses revenus pour l’année tirés

(i) de la production de pétrole, de gaz naturel ou d’hydrocarbures

connexes, ou de soufre, extraits, selon le cas :

(A) de puits de pétrole ou de gaz que le contribuable

exploite au Canada,

(B) de gisements naturels (sauf des ressources minérales) de

pétrole ou de gaz naturel situés au Canada et exploités par le

contribuable,

[. . .]

(v) du traitement au Canada du pétrole brut lourd extrait d’un puits de

pétrole ou de gaz au Canada jusqu’à un stade qui ne dépasse pas le stade

du pétrole brut ou son équivalent,

(vi) du traitement préliminaire au Canada34 [...]

[44] Il est reconnu depuis longtemps que l’alinéa 1204(1)b) du RIR fait référence

aux sources de revenu qui découlent des activités décrites aux sous-

alinéas 1204(1)b)(i) à (vi). Dans le jugement Echo Bay Mines Ltd. c. Canada,

[1992] 3 C.F. 707 (CFPI) (« Echo Bay »), la Cour a observé :

À la lecture du paragraphe 1204(1), je note qu’il serait plus fidèlement représenté

par un extrait plus complet des mots servant à définir « bénéfices relatifs à des

ressources » que l’extrait cité par la défenderesse. Ainsi, ces bénéfices sont

définis, en partie à l’alinéa b), comme le montant [. . .] de l’ensemble de [. . .]

revenus [. . .] tirés de la production au Canada [. . .] de métaux ou de minéraux »

[jusqu’à un stade qui ne dépasse pas le stade du métal brut]. L’emploi des mots

« ensemble » et « revenus », et l’inclusion implicite [...] du « revenu [. . .] qui est

le résultat du transport, du convoiement ou du traitement » [jusqu’à un stade qui

ne dépasse pas celui du métal brut] pour ce qui est des métaux et minéraux visés à

l’alinéa 1204(1)b), signifient l’un et l’autre que le revenu de « production » peut

provenir de diverses activités à condition que celles-ci fassent partie intégrante

34 Les mots « traitement préliminaire au Canada » sont définis au paragraphe 248(1) de la LIR. L’alinéa e) de la

définition englobe :

« le traitement au Canada de pétrole brut (sauf le pétrole brut lourd récupéré d’un puits de pétrole

ou de gaz ou d’un gisement de sables asphaltiques) récupéré d’un gisement naturel de pétrole,

jusqu’à un stade ne dépassant pas celui du pétrole brut ou son équivalent »;Page : 31

[45] [46] des opérations de production. Or la production n’engendre d’elle-même aucun

revenu s’il n’y a pas de vente. Les opérations qui peuvent raisonnablement

être reliées à la commercialisation du produit et qui sont entreprises pour

garantir que celui-ci soit vendu à un prix satisfaisant, pour produire un

revenu avec espoir de bénéfices, sont à mes yeux des activités faisant partie

intégrante de la production qui vise à rapporter un revenu et des bénéfices

relatifs à des ressources au sens du paragraphe 1204(1) du Règlement35

.

[Non souligné dans l’original.]

La position de l’intimée se résume de la façon suivante :

[TRADUCTION] L’activité principale de production, soit l’extraction du pétrole

du sol, a cessé à la tête de puits. D’autres activités, dans la mesure où il s’avère

qu’elles génèrent des revenus de production, sont des activités sources. Le

transport du pétrole brut commercialisable de la plateforme jusqu’aux pétroliers

constitue une telle activité, et tout revenu qui en est tiré est correctement soustrait

du revenu de production par l’exception prévue à l’alinéa 1204(3)a)36

.

L’alinéa 1204(3)a) du RIR dispose :

(3) Sont exclus du revenu ou de la perte d’un contribuable provenant d’une source

visée à l’alinéa (1)b) :

a) le revenu ou la perte provenant du transport, de la transmission ou du

traitement (sauf celui visé aux divisions (1)b)(ii)(C), (iii)(C) ou (iv)(C) ou

aux sous-alinéas (1)b)(v) ou (vi)) de pétrole, de gaz naturel ou

d’hydrocarbures connexes, ou de soufre, provenant d’un gisement naturel

de pétrole ou de gaz naturel;

[47] Pour que l’alinéa 1204(3)a) du RIR joue, deux conditions doivent être

réunies.

[48] Premièrement, le revenu ou la perte provenant du transport de pétrole

provenant d’un gisement naturel de pétrole doit être inclus dans le revenu du

contribuable provenant des sources de revenu visées par l’alinéa 1204(1)b). Étant

donné que ce texte ne vise pas le transport de pétrole provenant d’un gisement

naturel de pétrole, pour que le revenu ou la perte découlant de cette activité soit

inclus dans les bénéfices bruts relatifs à des ressources, le transport ou la

35 Page 732. La Cour d’appel fédérale a confirmé que cette approche s’appliquait à la définition de « bénéfices bruts

relatifs à des ressources » dans La Reine c. 3850625 Canada Inc., 2011 CAF 117 (« 3850625 Canada »), au

paragraphe 21.

36 Paragraphe 4 du mémoire des faits et du droit de l’intimée en ce qui a trait aux revenus du système de chargement

en mer d’Hibernia reclassifiés à titre de revenus non liés aux ressources.Page : 32

transmission du pétrole doit être intégré ou suffisamment lié aux activités décrites

aux sous-alinéas 1204(1)b)(i), (v) et (vi)37

.

[49] Deuxièmement, le contribuable doit avoir un revenu ou une perte provenant

du transport ou de la transmission du pétrole provenant d’un gisement naturel de

pétrole. À mon avis, le mot « provenant »38 signifie que le revenu ou la perte doit

exister non pas parce que le transport ou la transmission du pétrole provenant d’un

gisement naturel de pétrole était nécessaire pour vendre le pétrole, mais parce que

le transport ou la transmission du pétrole en lui-même a généré un revenu ou une

perte. À mon avis, cette interprétation est conforme à l’objet de la déduction

relative aux ressources que le gouvernement fédéral a instaurée en 1976 pour

accorder une déduction dans le calcul du revenu compte tenu du fait que les

provinces exigent des impôts ou des redevances à l’égard des ressources

provinciales39

.

[50] Les appelants ont transporté/transmis du pétrole brut sur une distance

d’environ deux kilomètres entre la structure-poids et les pétroliers-navettes, en

utilisant le SCM. Le pétrole brut a été transporté/transmis de cette manière aux

pétroliers-navettes parce que, pour des raisons liées à la sécurité et à la protection

de l’environnement, le pétrole stocké dans les cellules de stockage de la structure-

poids ne pouvait être chargé directement à partir de ces cellules de stockage sur les

pétroliers-navettes. Le pétrole brut a changé de propriétaire au fur et à mesure qu’il

était chargé sur les pétroliers-navettes. Il a ensuite été expédié soit directement à

une raffinerie acheteuse, soit à Whiffen Head pour être expédié de nouveau à une

raffinerie.

[51] Dans les circonstances, je n’ai aucune difficulté à conclure que le

transport/la transmission du brut de la structure-poids aux pétroliers-navettes était

suffisamment lié à la commercialisation du pétrole brut pour être considéré comme

faisant partie intégrante de la production du pétrole brut aux fins de l’application

de l’alinéa 1204(1)b) du RIR. La question est donc de savoir si les appelantes ont

tiré de cette activité un revenu qui doit être exclu de leurs bénéfices bruts relatifs à

des ressources en vertu de l’alinéa 1204(3)a).

[52] Il ressort de la preuve que le seul revenu réalisé par les copropriétaires à

partir de la production de pétrole brut était le revenu tiré de la vente du pétrole brut

37 3850625 Canada, précité, note de base de page 35, au paragraphe 21.

38 Le Oxford English Dictionary (2e éd.) définit « provenant » (derived) de la façon suivante : « tiré, obtenu, venu ou

déduit d’une source ».

39 Discours du budget du 23 juin 1975, aux pages 33 et 34, et Plan budgétaire du 6 mars 1996, à la page 162.Page : 33

aux raffineries. Le paragraphe 56 de l’ECPF indique que « [l] prix du pétrole brut

est établi en fonction de la quantité d’essence, de carburéacteur, de carburant diesel

et de mazout de chauffage qui peut en être tiré ».

[53] L’avocat de l’intimée soutient que l’emploi du mot « provenant » à

l’alinéa 1204(3)a) signifie que les appelantes n’ont pas besoin de recevoir un

revenu du transport ou de la transmission du pétrole de la structure-poids aux

pétroliers-navettes et que l’emploi du mot « any » en anglais élargit la portée de

l’alinéa 1204(3)a). L’Agence a remédié à l’absence de revenu réel en calculant le

revenu des appelantes provenant du transport ou de la transmission du pétrole brut

de la structure-poids aux pétroliers-navettes en fonction des coûts liés au SCM40

.

Implicitement, l’Agence traite le montant ainsi calculé comme inclus dans le

revenu de l’appelante provenant de la production en application de

l’alinéa 1204(1)b) et l’applique ensuite à ce revenu tiré des bénéfices bruts relatifs

à des ressources en application de l’alinéa 1204(3)a).

[54] Il ne fait aucun doute que le SCM a permis aux copropriétaires du pétrole

brut d’expédier ce pétrole brut sur le marché afin que le revenu puisse être tiré de

la vente du pétrole brut. Toutefois, le revenu réalisé par les copropriétaires de la

vente du pétrole brut provenait uniquement de la valeur marchande du pétrole brut.

Le SCM n’a eu aucune incidence, d’une façon ou d’une autre, sur le montant des

revenus réalisés par les copropriétaires grâce à la vente du pétrole brut Hibernia et

n’a en soi généré aucun revenu ni aucune perte pour les copropriétaires. Par

conséquent, il n’y a aucun revenu provenant du transport ou de la transmission de

pétrole auquel l’alinéa 1204(3)a) peut s’appliquer. L’emploi du mot « any »

n’exige pas la déduction des revenus provenant du transport ou de la transmission

de pétrole brut lorsqu’il n’existe en fait aucun revenu provenant du transport ou de

la transmission de pétrole brut.

[55] En résumé, l’alinéa 1204(3)a) visait à faire en sorte que le revenu

supplémentaire tiré du transport ou de la transmission du pétrole brut ne fasse jouer

la déduction relative aux ressources. Ce texte ne visait pas à réduire le revenu du

contribuable tiré de la production de pétrole brut lorsque ce revenu reflète

uniquement la valeur marchande du pétrole brut41

.

[56] Pour les motifs qui précèdent, les appels interjetés par les appelantes

relativement à la question de la déduction relative à des ressources sont accueillis.

40 Paragraphe 66 de l’ECPF.

41 En l’espèce, il y a lieu de faire une distinction avec les faits des affaires Echo Bay et 3850625 Canada, où un

revenu a été réalisé en plus du revenu provenant de la vente de la ressource naturelle.Page : 34

B. La question relative aux activités de recherche scientifique et de

développement expérimental

[57] Durant l’année 2005, le puits B16-54 a été foré jusqu’à une profondeur

verticale de 4 600 mètres, puis le trépan de forage s’est « détaché » du fond du

puits et est disparu. La principale question est de savoir si la part d’EMCHCL dans

le coût du forage du puits B16-54 en 2005 constitue une dépense relative à des

activités de recherche scientifique et de développement expérimental. L’ECPF

indique que le coût du forage du puits B16-54 en 2005 était de 40 964 305 $ et que

la part d’EMCHCL dans ce coût était de 2 048 215 $42

.

[58] L’expression « activités de recherche scientifique et de développement

expérimental » (« RS & DE ») est définie au paragraphe 248(1) de la LIR de la

façon suivante :

activités de recherche scientifique et de développement expérimental

Investigation ou recherche systématique d’ordre scientifique ou technologique,

effectuée par voie d’expérimentation ou d’analyse, c’est-à-dire :

a) la recherche pure, à savoir les travaux entrepris pour l’avancement de la

science sans aucune application pratique en vue;

b) la recherche appliquée, à savoir les travaux entrepris pour l’avancement

de la science avec application pratique en vue;

c) le développement expérimental, à savoir les travaux entrepris dans

l’intérêt du progrès technologique en vue de la création de nouveaux

matériaux, dispositifs, produits ou procédés ou de l’amélioration, même

légère, de ceux qui existent.

Pour l’application de la présente définition à un contribuable, sont compris parmi

les activités de recherche scientifique et de développement expérimental :

d) les travaux entrepris par le contribuable ou pour son compte

relativement aux travaux de génie, à la conception, à la recherche

opérationnelle, à l’analyse mathématique, à la programmation

informatique, à la collecte de données, aux essais et à la recherche

psychologique, lorsque ces travaux sont proportionnels aux besoins des

travaux visés aux alinéas a), b) ou c) qui sont entrepris au Canada par le

contribuable ou pour son compte et servent à les appuyer directement.

42 Paragraphe 71 de l’ECPF.Page : 35

Ne constituent pas des activités de recherche scientifique et de développement

expérimental les travaux relatifs aux activités suivantes :

e) l’étude du marché et la promotion des ventes;

f) le contrôle de la qualité ou la mise à l’essai normale des matériaux,

dispositifs, produits ou procédés;

g) la recherche dans les sciences sociales ou humaines;

h) la prospection, l’exploration et le forage fait en vue de la découverte de

minéraux, de pétrole ou de gaz naturel et leur production;

i) la production commerciale d’un matériau, d’un dispositif ou d’un

produit nouveau ou amélioré, et l’utilisation commerciale d’un procédé

nouveau ou amélioré;

j) les modifications de style;

k) la collecte normale de données.

[59] La jurisprudence a cerné cinq critères utiles pour déterminer si une activité

constitue une activité de RS & DE :

1) Existait-il un risque ou une incertitude technologique qui ne pouvait être

éliminé par les procédures habituelles ou les études techniques courantes?

2) La personne qui soutient faire de la RS & DE a-t-elle formulé des

hypothèses visant expressément à réduire ou à éliminer cette incertitude

technologique?

3) La procédure adoptée était-elle complètement conforme à la rigueur de la

méthode scientifique, notamment dans la formulation, la vérification et la

modification des hypothèses?

4) Le processus a-t-il abouti à un progrès technologique?

5) Un compte rendu détaillé des hypothèses vérifiées et des résultats a-t-il

été fait au fur et à mesure de l’avancement des travaux43?

43 C.W. Agencies Inc. c. Canada, 2001 CAF 393, [2002] 1 C.T.C. 212, 2002 DTC 6740 (C.A.F.), au paragraphe 17.

Voir également Northwest Hydraulic Consultants Limited c. Sa Majesté la Reine, [1998] 3 C.T.C. 2520,Page : 36

[60] L’appelante soutient que le forage du puits B16-54 constituait une activité de

RS & DE parce qu’il a permis de valider expérimentalement les prédictions faites à

l’aide de la méthode nouvelle ou améliorée de l’ACR élaborée par Upstream

Research Company.

[61] L’intimée soutient que le forage du puits B16-54 visait à délimiter le champ

pétrolifère dans le prolongement sud d’Hibernia et à satisfaire aux exigences de la

LE 1093 et que l’alinéa h) de la définition d’activité de RS & DE exclut le forage

de pétrole, ce qui est conforme au fait que le coût des puits pétroliers est visé par

les définitions des « frais d’exploration au Canada » (« FEC ») et des « frais

d’aménagement au Canada (« FAC ») aux paragraphes 66.1(6) et 66.2(5)

respectivement de la LIR.

[62] Pour appuyer sa thèse, l’appelante a soumis les rapports d’expertise de

M. Fairchild et pour appuyer la sienne, l’intimée a soumis les rapports d’expertise

du professeur Gringarten44. Bien que ces rapports fournissent des renseignements

techniques intéressants, ils n’offrent qu’une aide limitée en ce qui concerne la

question de savoir si le forage du puits B16-54 constitue une activité de RS & DE.

De plus, dans la mesure où les rapports d’experts tentent de discuter directement

cette question, j'ai à l'esprit la mise en garde suivante professée par la Cour

suprême du Canada dans l'arrêt R. c. Mohan, [1994] 2 R.C.S. 9, dans le cadre de sa

discussion sur la nécessité de la preuve par expert :

Il y a également la crainte inhérente à l’application de ce critère que les experts ne

puissent usurper les fonctions du juge des faits. Une conception trop libérale

pourrait réduire le procès à un simple concours d’experts, dont le juge des faits se

ferait l’arbitre en décidant quel expert accepter.

Ces préoccupations sont le fondement de la règle d’exclusion de la preuve

d’expert relativement à une question fondamentale. Bien que la règle ne soit plus

d’application générale, les préoccupations qui la sous-tendent demeurent. En

raison de ces préoccupations, les critères de pertinence et de nécessité sont à

l’occasion appliqués strictement pour exclure la preuve d’expert sur une question

fondamentale45

.

[63] Cette problème peut être discuté à tout moment au cours de l’appel. Dans

l'arrêt R. c. Sekhon, 2014 CSC 15, [2014] 1 R.C.S. 272, le juge Moldaver a observé

au paragraphe 46 :

98 DTC 1839 (C.C.I.), au paragraphe 16; et RIS-Christie Ltd. C. Canada, [1999] 1 C.T.C. 132, 99 DTC 5087

(C.A.F.), au paragraphe 10.

44 Chaque expert a préparé un rapport d’expert, un rapport en réfutation et un rapport en contre réfutation.

45 À la page 24.Page : 37

Compte tenu des craintes exprimées concernant l’incidence éventuelle du

témoignage d’un expert sur l’issue d’un procès — y compris le risque que l’expert

usurpe la fonction du juge des faits —, le juge du procès doit veiller à bien

encadrer l’expert et à dûment circonscrire son témoignage. Même si le risque est

accru dans le cas d’un procès devant jury, le juge, y compris celui qui siège seul, a

l’obligation de toujours faire en sorte que le témoignage de l’expert respecte les

limites établies. Il ne suffit pas qu’il tienne compte des critères de l’arrêt Mohan

au début du témoignage de l’expert et qu’il rende une décision initiale quant à

l’admissibilité de la preuve. Il doit faire en sorte que, tout au long de son

témoignage, l’expert respecte les limites établies à l’égard d’une telle preuve. [. .

.]

[64] Cela dit, je constate que deux observations du professeur Gringarten

constituent un cadre utile à la question faisant l’objet de l’appel :

[TRADUCTION]

[. . .] Quoi qu’il en soit, la validation d’un modèle de réservoir ne peut s’appuyer

sur un seul puits, mais provient de l’accumulation des preuves relatives à une

série de puits46

.

[. . .]

Tous les puits sont forés en s’appuyant sur des études de caractérisation et de

connectivité des réservoirs et, tous les puits, du puits sauvage au puits

d’appréciation, en passant par le puits de délimitation et le puits de

développement, apportent des connaissances qui sont utilisées pour améliorer le

modèle de réservoir et en réduire les incertitudes47

.

[65] Les principaux objectifs, mesures incitatives et questions à l’égard du

puits B16-54 sont décrits de la façon suivante dans l'allocution à la direction datée

du 16 juin 2005 :

OBJECTIFS PRINCIPAUX

- Définir le contact huile-eau dans le prolongement sud d’Hibernia en pénétrant

les cibles du réservoir principal des couches 2 et 3 entre 4 500 et 4 800 m

(14 764-15 748 pi) de profondeur verticale réelle [PVR]; tester le contact le

plus profondément possible.

- Écarter les risques associés à la suffisance des volumes pour déterminer la

viabilité économique de la modernisation des installations de la plateforme ou

d’un projet d’injection d’eau sous-marine de 11 puits.

46 Pages 32 à 33 du rapport Gringarten.

47 Page 33 du rapport Gringarten.Page : 38

- Obtenir des carottes et des échantillonneurs de fluides pour caractériser les

propriétés des réservoirs en profondeur afin d’optimiser les développements

futurs.

MESURES INCITATIVES

- La capture d’huile de stockage en place (STOOIP) du puits sauvage en champ

proche MM1 avec accroissement du risque est de 170 Mb dans un maximum

de 6 blocs faillés.

- Le coût unitaire de mise en valeur avec risque du développement du

prolongement sud d’Hibernia est de 4 à 5 milliards de dollars canadiens.

- Respecte l’engagement de la licence d’exploration 1093 de 8 millions de

dollars canadiens.

QUESTIONS

- La profondeur du contact-huile-eau du prolongement sud d’Hibernia est

actuellement inconnue, mais le puits sauvage en champ proche du bloc MM1

testera un intervalle de PVR de 4 500 à 4 800 m (de 14 764 à 15 748 pi).

L’ACR et les données tirées du puits sauvage en champ proche du bloc MM

écartent explicitement le risque associé au prolongement sud d’Hibernia.

- L’ampleur de la dégradation de la qualité potentielle du réservoir

(perméabilité et porosité) en fonction de la profondeur sera mieux comprise

par l’acquisition de billes et de carottes48

.

[66] Le courriel de Mark P. Evans qui figure à l’onglet 47 du RCD confirme les

raisons du forage du puits B16-54, qui visait à faciliter et à accélérer le

développement du prolongement sud d’Hibernia, pour lequel la LE 1093 avait été

obtenu le 15 janvier 2005 (c’est-à-dire avant que la méthode nouvelle ou améliorée

de l’ACR ait été développée).

[67] Le fait que les données limitées fournies par le puits B16-54, ou plus

précisément la voie d’évitement W, appuyaient la prédiction faite à l’aide de la

méthode nouvelle ou améliorée de l’ACR ne prouve pas que le puits était une

composante de l’activité de RS & DE effectuée pour créer ou améliorer cette

méthode. Le fait que le choix du puits B16-54 se soit imposé pour obtenir le plus

grand nombre de données au moindre coût n’est pas non plus une preuve que le

puits était une composante de l’activité de RS & DE effectuée pour créer/améliorer

la méthode de l’ACR. Ces deux faits sont également compatibles avec le forage du

48 Diapositive 2 de l’onglet 42 du RCD.Page : 39

puits B16-54 qui visait à faciliter et à accélérer le développement du prolongement

sud d’Hibernia, comme l’indiquent les documents aux onglets 42 et 47 du RCD.

[68] La méthode nouvelle ou améliorée de l’ACR prévoyait l’existence

d’importantes quantités de pétrole dans le prolongement sud d’Hibernia. Tout puits

foré dans le prolongement sud après cette prévision pouvait potentiellement fournir

des données pertinentes pour évaluer l'exactitude de cette prévision. Cependant,

selon le bon sens et la réalité commerciale, forcément, le but principal d’un tel

puits (même le premier) n’était pas de valider la méthode de l’ACR, mais plutôt

d’obtenir des données sur le pétrole dans le prolongement sud. En l’espèce, j’en

arrive à la conclusion de fait que le puits B16-54 a été foré pour obtenir des

données concernant le pétrole dans le prolongement sud et pour satisfaire aux

exigences de la LE 1093. La validation de la méthode de l’ACR était accessoire à

ces objectifs. Cette conclusion est conforme au fait qu’il n’y avait aucune preuve

permettant de lier le puits B16-54 à la formulation, à la mise à l’essai et à la

modification de la méthode de l’ACR49

.

[69] Il y a lieu de faire une distinction entre le forage d’un puits classique, basé

sur l’emplacement prévu du pétrole, pour déterminer si et dans quelle mesure le

pétrole est présent, et la construction d’une usine-pilote pour tester un procédé ou

une technologie nouveau ou amélioré. La seconde solution contribue à résoudre

l’incertitude technologique associée à la construction d’une centrale à grande

échelle, tandis que la première solution fournit accessoirement des données qui

concordent ou ne concordent pas avec le résultat prévu par le modèle.

[70] La conclusion selon laquelle le forage du puits B16-54 ne constituait pas une

activité de RS & DE est renforcée et confirmée par l’alinéa d) de la définition

d’activité de RS & DE. Cet alinéa inclut dans les activités décrites aux alinéas a) à

c) les travaux entrepris en ce qui concerne la collecte de données, à la condition

qu’ils soient proportionnés aux besoins de ces activités et servent à les appuyer

directement. Toutefois, l’alinéa h) de la définition d’activité de RS & DE exclut les

« travaux de prospection relatifs aux activités suivantes : [. . .] « la prospection,

l’exploration et le forage fait en vue de la découverte de minéraux, de pétrole ou de

gaz naturel et leur production ».

[71] L’exclusion prévue par l’alinéa h) signifie que les travaux relatifs à la

collecte de données qui sont proportionnels à la recherche fondamentale, à la

recherche appliquée ou au développement expérimental et qui les appuient ne

49 Voir, par exemple, les documents qui figurent à l’onglet 5 du RCD.Page : 40

comprennent pas les travaux qui constituent de la prospection, de l’exploration ou

du forage fait en vue de la découverte de pétrole. En l’espèce, le puits B16-54 a été

foré pour obtenir des données sur le pétrole présent dans le prolongement sud

d’Hibernia. Par conséquent, le forage du puits est exclu de la définition d’activité

de RS & DE. Ce résultat est conforme au fait que les dépenses de prospection,

d’exploration ou de forage pétrolier sont visées par les définitions des FEC et des

FAC.

[72] Compte tenu de ce qui précède, l’appel interjeté par EMCHCL relativement

à la question relative aux activités de RS & DE est rejeté.Page : 41

IV. Conclusion

[73] Les appels interjetés par les appelantes quant à la question portant sur la

déduction relative à des ressources sont accueillis et l’appel interjeté par EMCHCL

en ce qui a trait à la question relative aux activités de RS & DE est rejeté. Compte

tenu du succès mitigé, chaque partie doit assumer ses propres dépens.

Signé à Ottawa, Canada, ce 7e jour de mai 2019.

« J.R. Owen »

Le juge Owen

Traduction certifiée conforme

ce 21e jour de février 2020.

François Brunet, réviseurANNEXE APage : 2

OTC 8402 OTC 8402

True North Nord géographique

Platform North Plateforme nord

GBS Structure-poids

GBS Tie-In Spools Tronçons de tuyauterie de la structure-poids

Main Offshore Pipeline North (MOPN) Principal pipeline extracôtier nord (PPEN)

2km – 24” Pipeline Pipeline de 2 km – 24 po

Main Offshore Pipeline South (MOPS) Principal pipeline extracôtier sud (PPES)

OLS Base North Base nord du SCM

OLS Tie-In Spools Tronçons de tuyauterie du SCM

Interconnecting Offshore Pipeline (IOP) Pipeline extracôtier d’interconnexion (PEI).

OLS Base South Base sud du SCM

0.4 Km 0,4 km

OLSS- Mops Tie-In Spools Tronçons de tuyauterie du PPES du SCM

160mm Thick Concrete Coating @ 3040

kg/m3

Revêtement de béton épais de 160 mm à 3

040 kg/m3

MOPS PPES

9.048 m 9,048 m

Total Weight of Tie-In is 68 Tonnes Le poids total des tronçons de tuyauterie est de

68 tonnes

Note: Above figures are approximate. Remarque : Les chiffres ci-dessus sont

approximatifs.

Figure 1 – Hibernia Subsea Crude Loading

Facilities Layout

Figure 1 – Aménagement des installations

sous-marines de chargement de pétrole

d’HiberniaPage : 3Page : 4

Hibernia Subsea Crude Loading Facilities Installations sous-marines de chargement de

pétrole d’Hibernia

ROV Access Platform Plateforme d’accès du véhicule téléguidé

Re-Entry Cone Cône de réentrée

19” Connector Hub Collet de raccord de 19 po

Tubular Structure Structure tubulaire

24” Pipe Tuyau de 24 po

Pull-Down Sheaves Molettes à enfoncement

Plate Girder Structure Structure à poutres à âme pleine

Lower Swage Can Boîte d’effilement inférieur

Upper Swage Can Boîte d’effilement supérieur

Pile Cones With Latch-Lok Ring Cônes de pieux avec anneaux de verrouillage

Figure 2 – Isometric of OLS Base Figure 2 – Isométrique d’études de la base du

SCMPage : 5LINK SEW GOOSENECK SWIVEL/ GOOSENECK BENDING RESTRICTOR VERTICAL RISER RISER FOOT LOWER CATENARY RISER SWIVEL SUBSURFACE BUOY (SSB) UPPER CATENARY RISER COUPLING HEAD Figure 3 – Hibernia OLS Riser System Page : 6

COL DE CYGNE DE LIAISON

TÊTE D’INJECTION SOUS-MARINE/COL

DE CYGNE

DISPOSITIF DE SOLIDIFICATION

TUBE ASCENSEUR VERTICAL

PIED DU TUBE ASCENSEUR

TUBE ASCENSEUR CATÉNAIRE

INFÉRIEUR

TÊTE D’INJECTION

BOUÉE SOUTERRAINE

TUBE ASCENSEUR CATÉNAIRE

SUPÉRIEUR

TÊTE D’ACCOUPLEMENT

Figure 3 – Système de tubes ascenseurs du

SCM d’HiberniaPage : 7Page : 8

“Operating Condition” État de fonctionnement

OLS Base Base du SCM

Riser Foot Pied du tube ascenseur

Vertical Riser Tube ascenseur vertical

Swivel / Gooseneck Tête d’injection sous-marine/col de cygne

Subsurface Buoy Bouée souterraine

Lower Catenary Riser Tube ascenseur caténaire inférieur

Upper Catenary Riser Tube ascenseur caténaire supérieur

Catenary Swivel Tête d’injection caténaire

Coupling Head Tête d’accouplement

Dynamic Positioning Shuttle Tanker Pétrolier-navette au positionnement

dynamique

Seabed Fond marin

[BLANK] [BLANK]

“Idle Condition” État de repos

OLS Base Base du SCM

Riser Foot Pied du tube ascenseur

Vertical Riser Tube ascenseur vertical

Swivel / Gooseneck Tête d’injection sous-marine/col de cygne

Subsurface Buoy Bouée souterraine

Lower Catenary Riser Tube ascenseur caténaire inférieur

Upper Catenary Riser Tube ascenseur caténaire supérieur

Catenary Swivel Tête d’injection caténaire

Coupling Head Tête d’accouplement

Pick-up arrangement Dispositif de ramassage

Seabed Fond marin

Figure 4 – OLS Riser in Operating and Idle

Conditions

Figure 4 – Tube ascenseur du SCM à l’état de

fonctionnement et à l’état de repos.Page : 9Page : 10

Length of offshore pipelines from Hibernia

platform to offshore loading

Longueur des pipelines extracôtiers de la

plateforme Hibernia du système de

chargement en mer

Figure 5 Figure 5RÉFÉRENCE : 2019 CCI 108

NOS DES DOSSIERS DE LA

COUR :

INTITULÉS : 2003-705(IT)G et 2012-1389(IT)G

LIEU DE L’AUDIENCE : DATES DE L’AUDIENCE : MOTIFS DU JUGEMENT : DATE DU JUGEMENT : EXXONMOBIL CANADA LTD. c. SA

MAJESTÉ LA REINE

EXXONMOBIL CANADA HIBERNIA

COMPANY LTD. c. SA MAJESTÉ LA

REINE

Calgary (Alberta)

Du 14 au 17 janvier 2019

Du 21 au 24 janvier 2019

Les 28 et 29 janvier 2019

L’honorable juge John R. Owen

Le 7 mai 2019

COMPARUTIONS :

Avocats de l’appelante : Avocats de l’intimée : Mes Gerald Grenon, David Jacyk et

Brynne Harding

Mes Rosemary Fincham, Suzanie Chua et

Cédric Renaud-Lafrance

AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER :

Pour l’appelante :

Nom : Gerald Grenon

Cabinet : Pour l’intimée : Osler, Hoskin & Harcourt S.E.N.C.R.L., s.r.l.

Calgary (Alberta)

Nathalie G. Drouin

Sous-procureure générale du Canada

Ottawa, Canada

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